Comment faire pour ne plus craindre le lumbago ?

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« Le lumbago » ou « mal de dos » ou « tour de reins » sont des termes désignant communément la lombalgie. Ces qualificatifs sont employés lorsque la personne ressent une vive douleur dans le bas du dos et évoque un « blocage », la plupart du temps en « conséquence d’une rotation ». Plus rigoureusement, le lumbago s’apparente à une poussée aigüe de la lombalgie commune.

Jeune femme assise souffrant d'un lumbago

Définition d’un lumbago

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Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), la lombalgie « commune » dont fait partie le lumbago désigne une douleur lombaire qui ne présente pas de signes de gravité, appelés « drapeaux rouges » :

  • symptôme neurologique étendu (déficit dans le contrôle des sphincters vésicaux ou anaux, atteinte motrice au niveau des jambes, syndrome de la queue-de-cheval) ;
  • paresthésies (sensation de fourmillements) au niveau du pubis (ou du périnée) ;
  • traumatisme important (chute de hauteur) ;
  • perte de poids inexpliquée ;
  • antécédent de cancer ;
  • présence d’un syndrome fébrile ;
  • usage prolongé de corticoïdes (par exemple une thérapie de l’asthme)
  • déformation structurale importante de la colonne ;
  • douleur thoracique (rachialgies dorsales) ;
  • âge d’apparition inférieur à 20 ans ou supérieur à 55 ans ;
  • fièvre ;
  • altération de l'état général.

Les différents types de lombalgie

Le terme de lombalgie commune est préféré à celui de lombalgie « non spécifique » en pratique courante. 

La HAS distingue trois stades de lombalgies :

  • « poussée aiguë de lombalgie » plutôt que lombalgie aiguë afin d’englober les douleurs aiguës avec ou sans douleur de fond préexistante, nécessitant une intensification temporaire des traitements ou entraînant une diminution temporaire des capacités fonctionnelles ;
  • « lombalgie à risque de chronicité » pour les patients ayant une durée d’évolution de la lombalgie inférieure à 3 mois et présentant un risque élevé d’absence de résolution de la lombalgie (présence de drapeaux jaunes) ;
  • « lombalgie récidivante » en cas de récidive de lombalgie dans les 12 mois. Elle doit être considérée comme une lombalgie à risque de chronicité. [1]

Mais alors qu’est-ce que le lumbago aigu ?

Le lumbago aigu est tout simplement une douleur dans la région lombaire qui dure depuis moins de 3 mois. Ainsi, il n’y a pas d’indication à réaliser des examens complémentaires telle qu’une imagerie rachidienne. [1]

Peut-on avoir un lumbago à répétition et/ou chronique ?

La lombalgie commune peut être récidivante, dans les 12 mois qui suivent les premières lombalgies. Elle est considérée à risque de passage à la chronicité. Si elle devient chronique, elle a alors une durée supérieure à 3 mois.

La HAS décrit à ce sujet, les drapeaux jaunes, indicateurs psycho-sociaux permettant d’identifier un risque accru de passage à la chronicité :

  • indicateurs d’un risque accru de passage à la chronicité et/ou d’incapacité prolongée ;
  • problèmes émotionnels tels que la dépression, l’anxiété, le stress, la tendance à avoir une humeur dépressive et le retrait des activités sociales ;
  • attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos, comme l’idée que la douleur représenterait un danger ou qu’elle pourrait entraîner un handicap grave ou comme un comportement passif avec attentes de solutions placées dans des traitements plutôt que dans une implication personnelle active ;
  • comportements douloureux inappropriés, en particulier d’évitement ou de réduction de l’activité, liés à la peur. ;
  • problèmes liés au travail (insatisfaction professionnelle ou environnement de travail jugé hostile) ou problèmes liés à l’indemnisation (rente, pension d’invalidité). [1]

Pourquoi le « tour de reins » est-il un abus de langage ?

Cet abus de langage vient de la situation anatomique des reins. Ces organes se trouvent à l'arrière de l'abdomen, entre la dernière vertèbre thoracique (T12) et la 3e vertèbre lombaire (L3). Et l’on a tendance à penser que le lumbago se produit en faisant une torsion de colonne vertébrale. Ce n’est pas l’unique raison et le lumbago est possible sur des gestes de la vie quotidienne sans forcément faire une torsion.

Quel lien entre le lumbago et la sciatique ?

La lombosciatique est une douleur du bas du dos qui irradie dans un membre inférieur et qui est un signe de la souffrance du nerf sciatique.

Si l’atteinte se situe au niveau de la racine nerveuse L5, la douleur sciatique est localisée derrière la cuisse, sur le côté externe du genou et de la jambe, le dessus du pied et le gros orteil.

Si la racine nerveuse touchée est S1, la douleur se situe derrière la cuisse, le genou, le mollet, le talon, la plante et le bord externe du pied jusqu’aux trois derniers orteils.

La principale cause de la lombosciatique est la hernie discale (encore appelée fissure ou rupture des disques intervertébraux). [2]

 

Examen diagnostique d'un lumbago chez une patiente par un médecin

Quelles sont les causes d'un lumbago ?

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La lombalgie n’a pas de cause précise.

On parle communément de « faux mouvement » qui sont en fait des mouvements de la vie quotidienne pouvant provoquer une douleur à cause de facteurs de risque comme la fatigue, le stress, le port d’objets lourds (par rapport à ses capacités), le contexte psycho-social (famille, profession,…), une mauvaise position, la sédentarité, une contracture musculaire, la peur de bouger,…. [3]

Quel rôle joue le stress dans l’apparition du lumbago ?

Le stress n’est pas une cause directe du lumbago mais il favorise sa chronicité. Une étude a montré que le stress psycho-social, la faible capacité d’adaptation, le haut niveau d’incapacité initiale augmente le risque de prolongé de handicap. [4]

Par ailleurs, une autre étude démontre l’efficacité à court terme de la pleine conscience (dans le but de diminuer le stress) sur les douleurs lombaires. [5]

Quels sont les signes et symptômes d'un lumbago ?

En dehors des drapeaux rouges précités, le signe principal est la douleur. Le lumbago provoque une douleur intense au niveau lombaire (bas du dos).

Il n’y a pas une douleur de dos mais de multiples douleurs ! L’apparition d’une douleur peut se manifester dans de nombreuses circonstances : lorsque le patient se lève ou s’assoit, tousse ou éternue, se baisse et/ou se relève, se tourne pour attraper un objet, s’allonge,….

Combien de temps dure un lumbago ?

La lombalgie commune a une durée inférieure à 3 mois au contraire de la lombalgie chronique qui se prolonge au-delà des trois premiers mois. Dans 90% des cas, elle évolue favorablement en 4 à 6 semaines. [1]

Quel rôle joue la douleur et le cerveau ?

La douleur est un message envoyé au cerveau. C’est un signal d’alarme indispensable à notre survie. Cependant, certains paramètres comme la peur, les croyances, la fatigue, le stress peuvent augmenter ce niveau de douleur et fausser l’information originelle.

Plusieurs études montrent que la douleur et le stress sont liés. La douleur prolongée et exagérée augmente de façon significative la réponse au stress qui exacerbe à son tour la sensation douloureuse.

Par exemple, un court événement stressant (douleur) se répétant plusieurs fois d’affilée dans le temps, provoque une augmentation importante du taux de cortisol suivie d’une diminution du cortisol et d’une augmentation de la douleur. [6]

Est-il conseillé de marcher avec un lumbago ?

Le meilleur allié contre le mal de dos est le mouvement. Ainsi, la marche en fait partie. C’est d’ailleurs une des recommandations de l’assurance maladie lors de sa campagne de 2020.

En outre, une étude met en évidence que les exercices de stabilisation lombaire et les exercices de marche sont recommandés dans les douleurs de dos chroniques et les préviennent. [7]

Soigner un lumbago : quel est le traitement ?

Il est souvent énoncé que la « bonne posture » est la solution, c’est une idée reçue. Suite au diagnostic d’une lombalgie commune, le seul traitement efficace est le mouvement.

Souvent, les patients ont « peur de bouger ». Il est donc préférable de faire appel à un professionnel de santé (médecin ou kinésithérapeute) qui va mettre en confiance le patient et lui montrer qu’il a les capacités de se mouvoir sans déclencher sa douleur.

Par ailleurs, des séances de kinésithérapie peuvent être préconisée dans le cadre d’une lombalgie commune, selon les recommandations de la HAS plutôt lorsqu’elle devient chronique. Mais pourquoi ne pas en prévention effectuer quelques séances chez un kinésithérapeute dans le cadre de la lombalgie en phase de chronicité ?

Comment soigner soi-même un lumbago ?

Pour se prémunir du lumbago il faut faire une activité physique régulière, bouger régulièrement, profiter des activités de la vie quotidienne afin d’utiliser son dos, éviter la sédentarité, réduire le stress (méditation pleine conscience, cohérence cardiaque), réduire la fatigue, et avoir une alimentation équilibrée.

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Doit-on se rendre chez son ostéopathe suite à un lumbago ?

Selon les études, il n’a pas été prouvé que l’ostéopathie avait un effet supérieur aux alternatives plus classiques. [8].

D’autre part, une étude récente menée à l’Hôpital Cochin AP-HP, dénommée LC-OSTEO, pose la question de l’utilité de manipulations ostéopathiques délivrées par des ostéopathes non professionnels de santé pour des patients présentant des lombalgies communes subaiguës et chroniques.[9]

Lumbago, met-on du chaud ou froid pour calmer la douleur ?

A ce jour, il n’y a pas de données scientifiques suffisantes pour affirmer que la thermothérapie puisse avoir un intérêt dans le traitement des zones douloureuses des lombalgies communes.[10]

Par ailleurs, il existe des preuves modérées sur la thermothérapie par enveloppements chauds qui pourrait potentiellement réduire la douleur et l'invalidité chez les patients souffrant de douleurs dorsales qui persistent moins de trois mois. Il a été démontré que le soulagement ne dure qu'un bref instant et que l'effet est relativement faible. [11]

Doit-on mettre de la chaleur contre les douleurs de contractures musculaires et des fascias ?

Un article scientifique recense que l’application de chaleur superficielle dans la prise en charge précoce des douleurs augmente la force, la flexibilité musculaire et le retour à la fonction normale des fascias.

Il y est expliqué que l’application de chaleur (faible niveau) permet la stimulation des thermorécepteurs qui bloquent le signal des nocicepteurs (récepteurs nerveux sensitifs de la douleur) au niveau du fascia lombaire et dans la zone de la colonne vertébrale.

Si on utilise, l’enveloppement de chaleur, on active en plus les récepteurs détectant les changements de pressions tissulaires et le mouvement (propriocepteurs).

Ces mécanismes servent à réduire la tonicité musculaire et relâcher les muscles. [12]

Étant donné que le lumbago est la résultante de fortes tensions musculaires, on peut supposer l’intérêt de ce type de traitement.

Les anti-inflammatoires et l’ibuprofène sont-ils efficaces ?

D’après le recueil des études sur le sujet des médicaments non stéroïdiens et de la lombalgie commune, il y a bien une efficacité des anti-inflammatoires supérieure au placebo sur l’intensité de la douleur.

Cependant, les effets restent relativement faibles et le niveau d’évidence est bas. Il n’a pas été démontré de différence significative entre les différents types d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. [13]

Quels sont les médicaments recommandés ?

La HAS recommande en première intention la prise des médicaments tels que le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens.

En seconde intention, les opioïdes, les antidépresseurs, les gabapentinoïdes (ligands α₂δ,). [1]

S’agissant du paracétamol, une étude récente montre que son intérêt est faible pour les lombalgies chroniques et ne montre pas d’intérêt par rapport au placebo pour les lombalgies de moins de 3 mois. [14]

Les ceintures lombaires sont-elles efficaces contre le lumbago ?

Selon une étude sur la biomécanique et les ceintures lombaires, il a été prouvé que le port de ceinture diminuer le niveau de douleur et que la posture est modifiée. [15]

Toutefois, la HAS recommande le port de la ceinture lombaire sur une courte durée en vue de la reprise d’activités. [1]

Le repos est-il recommandé ?

Pendant longtemps, le repos au lit pendant quelques jours était recommandé.

Aujourd’hui, le repos n’est pas conseillé dans le cas d’un lumbago. Au contraire, il est recommandé de bouger, de reprendre rapidement ses activités quotidiennes et de pratiquer une activité physique adaptée (avec une reprise progressive).

Doit-on se faire opérer du lumbago ?

Selon la HAS, en cas d’échec de la prise en charge multidisciplinaire, un avis chirurgical peut être envisagé au cas par cas. [1]

Est-il possible de se mettre en arrêt de travail à cause du lumbago ?

Selon l’Assurance Maladie et les données de la HAS, un arrêt maladie de 5 jours (avec réévaluation) est possible sur consultation médicale dans le cas de lombalgies communes uniquement si l’intensité des douleurs le justifie et sur appréciation du médecin.

Dans le cas contraire, l’arrêt n’est pas possible. La durée de l’arrêt de travail est fonction de l’âge, de la condition physique du patient, du temps et du mode de transport et du poste de travail. [16]

Les étirements font-ils partie du traitement contre le lumbago ?

Les étirements sont un moyen efficace contre le mal de dos. Toutefois, quelques précisons s’imposent. Les patients ont tendance à étirer les muscles des chaines postérieures et se mettre en flexion. C’est en réalité l’extension, la latéroflexion et les rotations qui seront bénéfiques. Quelques exemples sont à visionner dans une des vidéos de major mouvement, kinésithérapeute.

Quels sont les exercices préconisés pour éviter le lumbago ?

Les exercices vont variés d’une personne à l’autre. Cela va dépendre de plusieurs paramètres comme le temps imparti aux exercices, les activités sportives pratiquées, les loisirs, la vie professionnelle, la vie familiale, le contexte psycho-social. L’essentiel est la progressivité et d’identifier quelles sont ses compétences pour adapter au mieux son activité physique. Il est important de ne pas avoir peur face à une douleur de dos, de progressivement et le plus rapidement possible bouger de nouveau.

Dans cette optique, il est possible de faire des étirements et des exercices de gain de mobilité pour reprendre confiance en soi. Puis de réaliser des exercices de renforcement de l’ensemble du corps, comme les squats, la marche, les fentes, le yoga, une activité sportive de son choix,....

Par ailleurs, avoir une bonne hygiène de vie (alimentation, sommeil,…) est bénéfique. Enfin, être à l’écoute de son corps et prendre soin de son esprit est indispensable !

Sources

  1. Prise en charge du patient présentant une lombalgie chronique : https://www.has-sante.fr/jcms/c_2961499/fr/prise-en-charge-du-patient-presentant-une-lombalgie-commune
  2. Sciatique, comment la reconnaître : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/sciatique/reconnaitre-sciatique
  3. La lombalgie ou mal de dos,  de quoi parle-t-on ? : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/lombalgie-aigue/comprendre-lombalgie
  4. Low back pain, Anna L Golob, Joyce E Wipf : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24758954/
  5. Mindfulness-Based Stress Reduction for Treating Low Back Pain: A Systematic Review and Meta-analysis, Dennis Anheyer , Heidemarie Haller , Jürgen Barth , Romy Lauche , Gustav Dobos , Holger Cramer : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28437793/
  6. https://www.le-guide-sante.org/actualites/forme-et-bien-etre/stress-definition-causes-symptomes-comment-gerer
  7. The effect of lumbar stabilization and walking exercises on chronic low back pain: A randomized controlled trial, Jee Hyun Suh, Hayoung Kim, Gwang Pyo Jung , Jin Young Ko , Ju Seok Ryu : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31261549/
  8. https://www.inserm.fr/rapport/evaluation-de-lefficacite-de-la-pratique-de-losteopathie-2012/
  9. AP-HP étude de l’effet des manipulations ostéopathiques chez les patients souffrant de lombalgie : https://www.aphp.fr/contenu/ap-hp-etude-de-leffet-des-manipulations-osteopathiques-chez-les-patients-souffrant-de
  10. Prise en charge masso-kinésithérapique dans la lombalgie commune : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/Lombalgie_2005_rap.pdf
  11. Stimulation par la chaleur superficielle ou le froid pour le traitement des lombalgies Simon D French, Melainie Cameron, Bruce F Walker, John W Reggars, Adrian J Esterman : https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD004750.pub2/full/fr#CD004750-abs-0004 
  12. A Role for Superficial Heat Therapy in the Management of Non-Specific, Mild-to-Moderate Low Back Pain in Current Clinical Practice: A Narrative Review: https://www.mdpi.com/2075-1729/11/8/780/htm
  13. Non‐steroidal anti‐inflammatory drugs for chronic low back pain Wendy TM Enthoven, Pepijn DDM Roelofs, Richard A Deyo, Maurits W van Tulder, Bart W Koes : https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD012087
  14. Paracetamol for low back pain Bruno T Saragiotto , Gustavo C Machado, Manuela L Ferreira, Marina B Pinheiro, Christina Abdel Shaheed, Christopher G Maher : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=Saragiotto+BT&cauthor_id=27271789
  15. Étude biomécanique du comportement mécanique des ceintures lombaires par méthodes de champ Rébecca Bonnaire,  Jérome Molimard,  W.S Han, R Convert,  P Calmels : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01406581
  16. Rachialgies : https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/347659/document/2017398_fiche_repere_at_lombalgie_v2_bd_0.pdf
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