Bénéfices du sport et de l’activité physique sur le cancer

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Chaque année, le mois d’Octobre est Rose du 1er au 31. La campagne de sensibilisation au dépistage et à la recherche pour le cancer du sein est lancée. Le cancer du sein est le plus fréquent chez les femmes : près d’une femme sur huit risque de développer un cancer.

En 2018, en France, on estime que près de 59 000 nouveaux cancers du sein ont été détectés et plus de 12 100 décès ont été attribués à ce cancer [1]. En outre, il est important que les hommes sachent qu’ils peuvent être concernés par ce cancer (moins de 1 % de tous les cancers du sein), notamment afin de ne pas négliger les symptômes [2].

Chez l’homme, le cancer le plus fréquent est celui de la prostate avec 50 000 cas recensés en 2018. Suivent le cancer colorectal avec 20 000 femmes et 30 000 hommes atteints et le cancer du poumon qui a affecté 15 000 femmes et 23 000 hommes en 2018 [3].

Deux femmes avec le ruban rose d'Octobre Rose

Pourquoi est-il conseillé de pratiquer des activités physiques ?

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Selon l’Institut National du Cancer (INCa), l’activité physique est un soin de support indispensable. « L’Institut préconise l’intégration de la pratique physique dans le panier de soins oncologiques de support. »

Ainsi, les professionnels de santé jouent un rôle important dans la promotion et l’évaluation de l’activité physique adaptée auprès des patients. Il existe quelques contre-indications comme la fatigue extrême, l’anémie, la décompensation cardio-pulmonaire,… qui seront diagnostiqués par des professionnels compétents.

De nombreuses études mettent en évidence les bénéfices de l’activité physique [4]. Entre autres, elle diminue la sensation de fatigue, et augmente la condition physique, l’équilibre et la force musculaire.

A partir de 30-40 ans, la masse musculaire diminue de 1% par an, jusqu’à 70 ans où cette perte passe à 25-40% par décennie [5]. Par conséquent, le corps a besoin de suivre un entraînement physique régulier pour lutter contre cette diminution de sa masse musculaire.

Dans le cadre du cancer, les patients sont majoritairement atteints de cachexie. En 2006, un nombre important de scientifiques définissent la cachexie comme un « syndrome métabolique complexe associé à une pathologie sous-jacente, et caractérisé par une perte de masse musculaire sévère associée ou non à une perte de tissu adipeux. La caractéristique majeure de la cachexie est la perte de poids chez l’adulte » [6].

Selon d’autres études, le syndrome cachectique est la conséquence des traitements et du processus tumoral dans 60 à 80% des cas [7].

Plus précisément, au niveau moléculaire, le déconditionnement musculaire serait provoqué par un déséquilibre entre la synthèse et la dégradation des protéines. Les données scientifiques montrent que la protéolyse (décomposition des protéines en acide aminés) serait en grande partie à l’origine de la perte de masse musculaire dans le cadre du cancer.

Mais encore, récemment, une étude démontre que l’activité physique « augmente la sécrétion de facteurs anti-tumoraux par les muscles, comme SPARC (secreted protein, acidic and rich in cysteine), qui inhibe la tumorigenèse dans les cryptes du côlon » [8].

CAMI et sport

La CAMI et sport est une association à but non lucrative (loi 1901), créée en 2000 par M. Jean-Marc Descotes, ancien sportif de haut niveau et par le Dr. Thierry Bouillet, cancérologue au sein de l’Hôpital Avicenne (AP-HP) [9].

De nombreuses études se rejoignent sur le fait que l’activité physique aide les patients dans le processus de guérison. CAMI et sport est aujourd’hui le premier réseau national sport et cancer et prend en charge plus de 3500 patients par semaine.

Le programme de l’association est de donner accès aux patients à une activité physique adaptée et donnée par des professionnels, à chaque étape de la maladie (à l’hôpital, en ville et après le cancer) [10].

Quel sport pour éviter le cancer ?

Le risque de cancer est réduit par l’activité physique qui englobe tous les mouvements de votre corps : cela se résume principalement à « bouger ».

La pratique régulière d’une activité physique permet de réduire le risque de développer un cancer du sein, du colon et de l’endomètre.

De plus, elle permet de réduire la prise de poids qui est aussi un facteur d’amplification du risque de cancer. Les recommandations en matière d’activité physique sont de l’ordre de 30 minutes par jour. Il est important de faire le plus de mouvements possible dans la journée [11].

Quel sport pratiquer quand on a un cancer ?

Sauf contre-indication médicale, le patient peut pratiquer le sport qu’il souhaite.

En outre, le sport est un allié précieux car il permet de diminuer la fatigue et les effets secondaires des traitements.

La Haute Autorité de Santé (HAS) préconise :

 

Prescription d’AP et sportive chez les patients pendant et après un traitement de cancer
© HAS. Prescription d’AP et sportive chez les patients pendant et après un traitement de cancer. Page 9. Juillet 2019.

 

Activité physique, sport, musculation et cancer

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Selon la HAS, « L’activité physique (AP) se définit comme tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques, entraînant une dépense d’énergie supérieure à celle du métabolisme de repos. L’activité physique comprend les AP de la vie quotidienne, les exercices physiques et les activités sportives. » [12]

D’autre part, la HAS différencie l’activité physique du sport. Elle en donne la définition suivante : « Le sport ou activité sportive est une forme particulière d’AP où les participants adhèrent à un ensemble commun de règles et d’objectifs bien définis. La pratique sportive comprend : le sport de haut niveau (en compétition) en club ; la pratique sportive de masse, avec parfois une composante « sport-santé » ; le sport scolaire ; et les pratiques sportives de loisirs ou en compétition, pratiquées en individuel ou en groupe non affiliées à une association. »

Quant à la musculation, elle se définit comme  une activité sportive visant à développer le volume et la force musculaire. Il n’y a pas de contre-indication à cette pratique (sauf avis médical) pour les patients atteints du cancer. Les études parlent de musculation adaptée.

 

Couple de personnes âgées faisant un footing

 

Marche et cancer

Il n’est plus à prouver les bénéfices à pratiquer la marche. C’est le cas d’une étude qui met en évidence les bienfaits de la marche nordique dans le cadre du cancer du sein. Il y est précisé que la marche nordique est plus efficace qu’un programme d’exercices standard [13].

L’analyse des données scientifiques va vers un impact positif de la marche nordique sur les patients atteints du cancer du sein. Elle permet de diminuer l’apparition de certains symptômes comme le lymphœdème, la forme physique, l’invalidité, et la prédisposition morbide [14].

Cancer du sein

La marche nordique, le vélo, le renforcement musculaire, les étirements sont des exercices importants pour lutter contre les effets secondaires du cancer du sein.

Une autre activité pratiquée par des professionnels du sport (kinésithérapeute et/ou coach) est proposée dans le cadre du cancer du sein. Il s’agit de "Rose Pilates" qui se définit par la méthode Pilates adaptée à la prise en charge des patients atteints de cancer du sein [15]

Jocelyne Rolland en est l’initiatrice et forme régulièrement des kinésithérapeutes et des coachs à cette méthode.

Cancer de la prostate

Des études confirment que le sport augmente la qualité de vie pendant le cancer de la prostate [16].  La marche active, le vélo ont fait preuve d’efficacité.

De plus, le renforcement du plancher pelvien mérite une attention particulière due aux risques d’incontinence suite aux traitements du cancer de la prostate [16].

Cancer du poumon

Une revue de la littérature scientifique récente met en évidence que l’entraînement physique peut améliorer ou éviter la diminution de la capacité physique et de la qualité de vie liée à la santé chez les adultes atteints d’un cancer du poumon avancé.

Toutefois, il n’y a pas d’effet significatif sur la dyspnée, la fatigue, les sentiments d’anxiété et de dépression ou la fonction pulmonaire. Les résultats de cette étude doivent être considérés avec prudence en raison de l’hétérogénéité entre les études, de la petite taille de l’échantillon et du risque élevé de biais des études incluses.

Des essais contrôlés randomisés de plus grande envergure et de haute qualité sont nécessaires pour confirmer et élargir les connaissances sur les effets de l’entrainement physique dans cette population [18].

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Cancer du côlon

Dans le cadre du cancer du côlon, le mot d’ordre est « bouger ». Selon la HAS, l’activité physique accélère le transit intestinal et réduit le temps d’exposition de la muqueuse digestive aux cancérogènes d’origine alimentaire. Tous les sports sont bénéfiques du moment que le patient en a préalablement discuté avec son médecin [19]. Une bonne hydratation est aussi indispensable (eau minérale, thé biologique,...).

Sport pendant la chimiothérapie

Une étude a démontré qu’un entrainement physique (de haute intensité et avec résistance) des patientes atteintes de cancer du sein permet, pendant la chimiothérapie, de conserver les zones de fibres musculaires squelettiques, la capillarisation et la teneur en mitochondries [20]. Certains traitements de chimiothérapie peuvent avoir un effet toxique sur le système cardiovasculaire.

« La pratique régulière de l’activité physique est à l’origine d’une réduction des facteurs de risque cardiovasculaires. Ces effets protecteurs sont observés en population générale (ANSES, 2016) mais aussi chez des patients porteurs de cancers, comme récemment suggéré chez des patientes traitées pour cancer du sein (Jones, 2016) » [21].

 

Femme faisant du sport pendant la chimiothérapie

 

Pourquoi faire du sport après un cancer

Suite aux traitements et à la maladie, les patients ont besoin de reprendre confiance en eux. Les bénéfices de la pratique d’une activité physique sur le moral des patients sont considérables : une meilleure estime de soi, une meilleure image de son corps, une meilleure confiance en soi et un bien-être [22].

Selon la HAS, « une AP régulière d’intensité au moins modérée est associée à des réductions de la mortalité toutes causes confondues, de la mortalité spécifique et des récidives du cancer, avec des relations effet-dose, pour les cancers du sein, colorectaux et de la prostate non métastatiques. »

Sport et récidive

Il est largement démontré que l’activité physique réduit le risque de récidive du cancer [23]. En moyenne, l’activité physique réduit de :

  • 49% le risque de récidive d’un cancer du côlon (Meyerhardt et al, 2006)
  • 43% le risque de récidive d’un cancer du sein (Holmes, 2005)
  • 57% le risque de récidive d’un cancer de la prostate (Richman et al, 2011).

Cette diminution significative s’explique aussi au niveau biologique car l’activité physique diminue l’insulino-résistance, la sécrétion d’œstrogène et les phénomènes inflammatoires alors qu’elle améliore l’immunité, la condition physique (système cardio-vasculaire et respiratoire) et la qualité de vie (bien-être, diminution de l’anxiété, …) [24].

Sources

  1. Comprendre le cancer du sein : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cancer-sein/comprendre-cancer-sein
  2. Cancer du sein chez l’homme : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Cancer-du-sein-chez-l-homme
  3. Cancers : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers
  4. L'activité physique est un traitement : interview d'un médecin du sport. https://www.le-guide-sante.org/actualites/forme-et-bien-etre/activite-physique-interview-medecin-sport
  5. Sarcopénie du sujet âgé : connaissances et bénéfices de l’exercice physique. https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2016/revue-medicale-suisse-538/sarcopenie-du-sujet-age-connaissances-et-benefices-de-l-exercice-physique
  6. Cancer cachexia: understanding the molecular basis. Argiles JM, Busquets S, Stemmler B, et al. Nat Rev Cancer 2014 ; 14 : 754-62
  7. Cachexia: a new definition. Evans WJ, Morley JE, Argiles J, et al. Clin Nutr 2008 ; 27 : 793-9
  8. A novel myokine, secreted protein acidic and rich in cysteine (SPARC), suppresses colon tumorigenesis via regular exercise. Aoi W, Naito Y, Takagi T, et al. Gut 2013 ; 62 : 882-9
  9. Assistance Publique - Hôpitaux de Paris - site Hôpital Avicenne - Bobigny. https://www.le-guide-sante.org/le-guide/ile-de-france/seine-saint-denis/bobigny/assistance-publique-hopitaux-de-paris-site-hopital-avicenne-bobigny
  10. Association CAMI sport & cancer : https://www.sportetcancer.com/qui-sommes-nous
  11. Activité physique : https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Activite-physique
  12. Guide de promotion, consultation et prescription médicale d’activité physique et sportive, pour la santé chez les adultes : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-10/guide_aps_vf.pdf
  13. The influence of Nordic walking on isokinetic trunk muscle endurance and sagittal spinal curvatures in women after breast cancer treatment. Hanuszkiewicz JM, WoŹniewski M, Malicka I. Acta Bioeng Biomech. 2020;22(2):47-54. PMID: 32868938
  14. Nordic walking for women with breast cancer: A systematic review. Miguel A Sánchez-Lastra et al. Eur J Cancer Care (Engl) 2019 Nov;28(6):e13130. doi: 10.1111/ecc.13130
  15. Rose Pilates : https://www.sereconstruireendouceur.com/rose-pilates/
  16. Exercise for Men with Prostate Cancer: A Systematic Review and Meta-analysis. Liam Bourke et al. European Urology Volume 69, Issue 4, April 2016, Pages 693-703. DOI: 10.1016/j.eururo.2015.10.047
  17. Cancer de la prostate et activité adaptée : https://www.irbms.com/cancer-de-la-prostate-et-activite-physique-adaptee/
  18. Entraînement physique pour les personnes atteintes d'un cancer du poumon à un stade avancé. Carolyn J Peddle‐McIntyre et al. 2019. Cochrane Lung Cancer Group, https://doi.org/10.1002/14651858.CD012685.pub2
  19. Prescription d’activité physique et sportive : cancers : sein, colorectal, prostate : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-07/app_247_ref_aps_cancers_cd_vf.pdf
  20. Exercise training during chemotherapy preserves skeletal muscle fiber area, capillarization, and mitochondrial content in patients with breast cancer. Sara Mijwel et al. FASEB Journal, 2018. https://doi.org/10.1096/fj.201700968R
  21. CAMI sport et cancer : donnons la vie aux patients : http://www.ahfmc.fr/wp-content/uploads/2017/01/PPt-présentation-CAMI-et-bases-ScientifqV4-copie.pdf
  22. Le Guide Santé. Actualités Forme & Bien-être. https://www.le-guide-sante.org/actualites/forme-et-bien-etre
  23. Le Guide Santé. Actualités Cancer. https://www.le-guide-sante.org/actualites/cancer
  24. Bénéfices de l’activité physique pendant et après le cancer - Des connaissances aux repères pratiques, Institut National du Cancer, Mars 2017.
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