Inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine : facteur de risque de cancer du poumon ?

Image d'un cancer du poumon

Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) sont très largement utilisés dans la prise en charge médicale de l’hypertension artérielle.
La corrélation entre leur usage et la survenue d’un cancer du poumon est biologiquement plausible : les IECA métabolisent la bradykinine et ce vasodilatateur actif s’accumule dans le poumon. Elle pourrait ainsi favoriser la cancérogenèse in situ.

Une vaste étude de cohorte

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Cette étude de population a été entreprise en utilisant les données du Clinical Practice Research Datalink britannique (quinze millions de personnes documentées) : 2 989 568 patients ont eu une première prescription d’un agent thérapeutique antihypertenseur entre 1988 et 2015.
Après exclusions (antécédents de cancer, moins d’un an de suivi avant le début du traitement, documentation insuffisante ou incomplète, moins de 18 ans, décès antérieur, etc.), une cohorte de 992 061 patients, traités de novo par un médicament antihypertenseur entre le 1er janvier 1995 et le 31 décembre 2015, a été constituée et suivie jusqu’au 31 décembre 2016, pendant 6,4 ± 4,7 ans en moyenne. Durant cette période, 7 952 nouveaux cas de cancer du poumon ont été identifiés (incidence pour 1 000 années-personnes [I] : 1,3 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : 1,2 à 1,3).

Comparé à l'utilisation d'antagonistes des récepteurs de l'angiotensine (ARA), l’usage d'IECA a été globalement associé à un accroissement du risque de cancer du poumon de 14 % (I : 1,6 vs 1,2 ; hazard ratio [HR] : 1,14 ; IC : 1,01 à 1,29). Une augmentation progressive de ce risque en fonction de la durée d’utilisation a été mise en évidence : l’association est apparue patente après cinq ans de traitement (HR : 1,2 ; IC :1,06 à 1,40), avec un pic à 31 % d’augmentation du risque après plus de dix ans d'utilisation (HR : 1,31 ; IC : 1,08 à 1,59). Les résultats des fumeurs et des non fumeurs ont été similaires.

Le risque de cancer du poumon augmente avec la durée du traitement

Comparé à un traitement par diurétiques thiazidiques (DT), l’usage d’IECA a été corrélé à une augmentation de 6 % du risque de cancer du poumon (HR :1,06 ; IC : 1,00 à 1,13).
Dans ce cadre également, la durée du traitement a été associée à un accroissement du risque : pas d’augmentation avant cinq ans, mais un risque plus élevé au-delà, prédominant après dix ans d’utilisation (HR : 1,23 ; IC : 1,04 à 1,44). L’analyse comparant l’usage d’ARA à celui de DT n’a pas mis en évidence de corrélation globale (HR : 0,93 ; IC : 0,82 à 1,06), ni d’effet cumulatif au cours du temps.

Dans le cadre de cette vaste étude de cohorte, concernant près d’un million de patients, l'utilisation d'IECA a été associée à un risque accru de cancer du poumon, ce risque apparaissant élevé en cas de traitement durant plus de cinq ans.
Blánaid M. Hicks, et al. soulignent l’existence de possibles facteurs confondants non analysés (statut socio-économique, régime alimentaire, exposition au radon ou asbestose, antécédents familiaux de cancer du poumon, etc.) mais, compte tenu de l’importance de la population traitée avec des IECA, des études complémentaires, comportant un suivi à long terme, apparaissent nécessaires afin de mieux cerner les effets de ces médicaments sur l'incidence du cancer du poumon.

Source :

Hicks MB, et al. Angiotensin converting enzyme inhibitors and risk of lung cancer: population based cohort study. BMJ. 2018; 363: k4209. Published online 2018 Oct 24. doi: 10.1136/bmj.k4209.

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