Une étude prometteuse, réalisée par une équipe multidisciplinaire de chercheurs sous la houlette du Pr Denis Lafontaine du laboratoire du métabolisme de l’ARN, université libre de Bruxelles (IBMM, faculté des sciences), a été publiée le 6 mars 2018 dans la revue scientifique Structure [3].
Les conclusions des auteurs de cette étude ont donné lieu, pour la première fois, à une explication moléculaire de l’activité anti-tumorale des plantes de la famille des Amarylidaceae et notamment de l’espèce Narcissus pseudonarcissus, fort utilisée depuis des siècles en médecine populaire, et plus connue sous le nom de jonquille.
Les chercheurs ont extrait un nouvel agent anti-cancer naturel à partir de plantes de la famille des Amaryllidaceae. Il s’agit d’un alcaloïde dénommé haemanthamine (hémanthamine) qui agit comme un cytostatique (substance ayant la propriété de bloquer la synthèse, le fonctionnement ou la multiplication des cellules).
En effet, les cellules cancéreuses sont particulièrement sensibles à une réduction de la synthèse protéique et notamment aux traitements qui inhibent la production et la fonction des ribosomes (« usines intra-cellulaires » qui fabriquent des protéines).
Les chercheurs ont démontré que l’haemanthamine empêche la production de protéines par les ribosomes, mais ils ont également mis en évidence qu’elle inhibe la fabrication de ces ribosomes dans le nucléole (structure sphérique à l’intérieur du noyau des cellules) entraînant ainsi la stabilisation de la protéine p53 (molécule qui contrôle la croissance cellulaire, qui favorise sa réparation ou qui induit la mort cellulaire programmée), ce qui conduit à l’élimination des cellules cancéreuses.
L’équipe du Pr Lafontaine, en collaboration avec Véronique Mathieu (faculté de pharmacie, université libre de Bruxelles), va poursuivre les recherches en testant quatre alcaloïdes extraits des plantes de la famille des Amaryllidaceae.
Leur objectif sera de déterminer rapidement le composé chimique porteur du plus grand espoir thérapeutique, pour le développer, par la suite, sous forme de thérapie anti-cancer [4].