Pour les entreprises pharmaceutiques, les impacts sont plus difficiles à estimer [4]. Les britanniques ont accès à des financements européens (Horizon 2020, Fonds européen d'investissement) à hauteur de 16 %, alors que la contribution du Royaume-Uni à ce même fond européen est 11,5 % [5].
Actuellement, les sociétés pharmaceutiques investissent 16 % de leurs dépenses européennes de recherche et développement au Royaume-Uni, alors que celui-ci représente 9 % des parts de marché. Enfin, les investissements dans les sciences du vivant en Grande Bretagne venant de pays hors UE (États-Unis, Japon), ont parfois permis à ces pays d'accéder au Marché européen. Il y a actuellement 2 400 demandes d’autorisation de mises sur le marché qui ouvriront l’accès au marché européen avant mars 2019 [6]. Il y a également plus de 1 500 essais cliniques en cours au Royaume-Uni, dont l'attractivité risque de changer.
Si l’on peut raisonnablement penser que les barrières douanières vont modifier l’accès de l’industrie pharmaceutique aux plateformes de recherche clinique du Royaume-Uni, il ne faut pas sous-estimer l’offre grandissante des pays émergents en termes d’essais thérapeutiques. L’apparition récente de plateformes de recherche clinique, en Russie, en Chine et en Inde notamment [7], permet un accès à de très importantes cohortes de patients [8], au prix d’une démarche qualité parfois rudimentaire [9], dont les résultats peuvent être difficiles à interpréter, et dont les conséquences pour la qualité des médicaments ne sont pas bien connues à ce jour.
Bien que la régulation des systèmes de santé des pays membres ne fasse pas l’objet de directives européennes contraignantes, le Brexit est porteur de risques inédits pour la filière santé européenne.
Certains de ces risques, notamment ceux qui sont liés au système assurantiel, peuvent trouver une réponse réglementaire et législative au niveau de chaque état.
D’autres risques sont plus difficiles à appréhender pour les états, notamment en raison d’une dynamique de délocalisation des essais cliniques très active à l'échelle mondiale, mais aussi en raison du déséquilibre induit dans les modes de protection sociale.