La relation entre obésité et santé mentale est bidirectionnelle. Si l’obésité peut conduire à des troubles psychologiques, l’inverse est également vrai : certains troubles mentaux favorisent l’apparition ou l’aggravation de l’obésité. Les troubles de l’humeur, tels que la dépression et le trouble bipolaire, sont fréquemment associés à une prise de poids. Cela s’explique par une réduction de l’activité physique, une alimentation émotionnelle et des troubles du sommeil récurrents.
Les troubles anxieux peuvent également conduire à des comportements alimentaires dysfonctionnels. Le stress chronique et les attaques de panique incitent à la consommation de nourriture riche en sucre ou en gras, dans le but de calmer l’hyperactivation physiologique. Ces stratégies d’auto-apaisement sont contre-productives et contribuent à l’accumulation de poids sur le long terme.
Les troubles du comportement alimentaire, notamment l’hyperphagie boulimique, sont particulièrement prévalents chez les personnes obèses. Ce trouble se caractérise par des épisodes de suralimentation compulsive, sans comportements compensatoires. Il entraîne souvent une culpabilité intense, une baisse de l’estime de soi et une spirale de détérioration psychique et physique [5].
En outre, certains traitements pharmacologiques prescrits pour les troubles mentaux (notamment les antipsychotiques atypiques et certains antidépresseurs) peuvent entraîner une prise de poids significative, posant un dilemme thérapeutique. L’équilibre entre la stabilisation des symptômes psychiatriques et la gestion du poids corporel constitue alors un véritable défi clinique.
Une approche intégrée, réunissant psychiatres, psychologues et nutritionnistes, est donc nécessaire pour prendre en charge simultanément les troubles mentaux et l’obésité, et pour éviter la médicalisation isolée de l’un ou l’autre aspect.