Innovations récentes en matière de techniques chirurgicales

La chirurgie, art millénaire né avec les premières tentatives humaines de traiter les blessures et les maladies, a connu une évolution remarquable au cours des dernières décennies. Si les principes fondamentaux demeurent – accéder aux structures anatomiques concernées, corriger les anomalies et restaurer la fonction – les moyens d'y parvenir ont radicalement changé. L'histoire moderne de la chirurgie a été marquée par des avancées significatives comme l'anesthésie, l'asepsie, les antibiotiques et la transfusion sanguine, qui ont transformé une pratique autrefois dangereuse en une discipline de plus en plus sûre et efficace[1].

Innovations récentes en matière de techniques chirurgicales

Dans le contexte actuel, caractérisé par une demande croissante de soins de santé de qualité et personnalisés, les innovations chirurgicales revêtent une importance capitale. Ces avancées visent à répondre à plusieurs défis majeurs : améliorer la précision des gestes, réduire l'invasivité des procédures, accélérer la récupération des patients et optimiser les résultats fonctionnels et esthétiques. L'émergence de technologies de pointe comme la robotique, l'intelligence artificielle, la réalité augmentée et les nouveaux biomatériaux ouvre des perspectives inédites pour atteindre ces objectifs.

Cependant, l'évolution rapide des techniques chirurgicales soulève également des questions cruciales concernant leur accessibilité, leur coût, leur courbe d'apprentissage et leur impact réel sur les résultats cliniques. La validation scientifique rigoureuse de ces innovations devient essentielle pour distinguer les véritables avancées des effets de mode technologiques. Par ailleurs, l'intégration de ces nouvelles approches dans la pratique quotidienne nécessite non seulement une adaptation des compétences techniques des chirurgiens, mais aussi une évolution de l'organisation des soins et des infrastructures hospitalières.

Cet article propose d'explorer les principales innovations récentes en matière de techniques chirurgicales, en analysant leur potentiel transformateur ainsi que leurs limites. Nous examinerons successivement les avancées en chirurgie mini-invasive et robotique, les applications de la réalité augmentée et de la navigation chirurgicale, les techniques d'imagerie avancées, les innovations en matière de dispositifs et matériaux, et enfin l'apport de l'intelligence artificielle dans la chirurgie de précision. Cette analyse permettra de dresser un panorama des technologies qui façonnent aujourd'hui l'avenir de la chirurgie et qui contribueront demain à redéfinir les standards de soins chirurgicaux.

Chirurgie mini-invasive et robotique

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L'évolution de la chirurgie mini-invasive représente l'une des transformations les plus significatives de la pratique chirurgicale moderne. Depuis l'introduction de la laparoscopie dans les années 1980, qui a marqué le début d'une nouvelle ère, la chirurgie s'est progressivement orientée vers des approches moins traumatiques pour les tissus. Cette transition de la chirurgie ouverte traditionnelle vers des techniques utilisant de petites incisions a considérablement modifié le paysage chirurgical, réduisant les complications postopératoires, les douleurs et les durées d'hospitalisation[2].


L'intégration de la robotique dans ce paradigme mini-invasif constitue une avancée majeure des deux dernières décennies. Les systèmes robotiques actuels, dont le plus répandu est le da Vinci (Intuitive Surgical), ont évolué à travers plusieurs générations pour offrir des fonctionnalités toujours plus sophistiquées. Ces plateformes se composent typiquement d'une console de commande où le chirurgien contrôle à distance les instruments, d'un module de vision tridimensionnelle haute définition et de bras robotisés manipulant les instruments chirurgicaux. D'autres systèmes comme le Senhance (TransEnterix), le Versius (CMR Surgical) ou le robot Hugo (Medtronic) viennent diversifier l'offre technologique avec des approches différenciées en termes d'ergonomie et de fonctionnalités.


Les applications cliniques de la chirurgie robotique se sont considérablement élargies depuis ses débuts en urologie avec la prostatectomie radicale. Aujourd'hui, cette technologie est employée dans de nombreuses spécialités : chirurgie digestive (colectomie, gastrectomie), gynécologie (hystérectomie), chirurgie thoracique, chirurgie cardiaque (réparation valvulaire), et plus récemment en neurochirurgie et en chirurgie ORL pour des interventions nécessitant une précision extrême. Cette expansion témoigne de la versatilité croissante des plateformes robotiques et de leur adaptation à des contextes chirurgicaux variés.


Les avantages de la chirurgie robotique comparée à la laparoscopie conventionnelle incluent une vision tridimensionnelle améliorée, l'élimination du tremblement naturel des mains, une dextérité accrue grâce à des instruments articulés mimant les mouvements du poignet humain, et une ergonomie optimisée pour le chirurgien. Ces caractéristiques permettent d'effectuer des gestes complexes dans des espaces anatomiques confinés avec une précision remarquable. Des études récentes ont démontré que ces avantages techniques se traduisent par des bénéfices cliniques significatifs dans certaines procédures spécifiques, notamment en termes de préservation nerveuse et de reconstruction fine[2].

 

Toutefois, malgré son potentiel révolutionnaire, la chirurgie robotique présente des limitations substantielles. Son coût élevé (acquisition, maintenance, consommables) constitue un obstacle majeur à sa diffusion globale et soulève des questions d'équité dans l'accès aux soins. Par ailleurs, le bénéfice clinique par rapport à la laparoscopie conventionnelle reste débattu pour certaines interventions, avec des méta-analyses montrant des résultats variables selon les procédures. La courbe d'apprentissage, bien que généralement plus rapide que pour la laparoscopie avancée, représente également un défi pour l'adoption à grande échelle de ces technologies. Enfin, l'absence de retour haptique (sensation tactile) dans la plupart des systèmes actuels constitue une limitation technique importante que les nouvelles générations de robots chirurgicaux tentent progressivement de surmonter.

Réalité augmentée et navigation chirurgicale

La réalité augmentée (RA) représente une innovation transformative en chirurgie, se définissant par la superposition d'informations virtuelles sur le champ opératoire réel. Contrairement à la réalité virtuelle qui immerge complètement l'utilisateur dans un environnement artificiel, la RA enrichit la perception du chirurgien de son environnement immédiat, créant une symbiose entre données numériques et anatomie du patient. Cette technologie repose sur trois composantes essentielles : l'acquisition d'images préopératoires (scanner, IRM), le recalage de ces images sur l'anatomie réelle du patient pendant l'intervention, et la visualisation des données superposées via des dispositifs d'affichage spécifiques[3].


Les systèmes de navigation chirurgicale, intimement liés à la RA, permettent le suivi en temps réel des instruments par rapport à l'anatomie du patient. Ces systèmes utilisent diverses technologies de localisation, notamment optiques (caméras infrarouge suivant des marqueurs réfléchissants) ou électromagnétiques (capteurs de position dans un champ magnétique). Le processus implique une étape cruciale de recalage, où les images préopératoires sont alignées avec l'anatomie du patient grâce à des points de référence anatomiques ou des marqueurs externes. L'évolution récente de ces technologies a permis de développer des systèmes de plus en plus précis et moins encombrants, facilitant leur intégration dans le flux de travail chirurgical.


Les applications de la RA et de la navigation se diversifient rapidement à travers les spécialités chirurgicales. En neurochirurgie, ces technologies guident avec précision les résections tumorales et les interventions sur la base du crâne, permettant de naviguer autour de structures critiques avec une marge de sécurité accrue. En orthopédie, elles optimisent le positionnement des implants et l'alignement articulaire lors des arthroplasties, contribuant à améliorer la fonction postopératoire et la longévité des prothèses. La chirurgie hépatobiliaire bénéficie également de ces avancées pour la planification et l'exécution de résections hépatiques complexes, en visualisant les structures vasculaires et les marges de résection. En ORL, la navigation facilite les interventions endoscopiques des sinus et de la base du crâne, zones anatomiques particulièrement complexes et à risque.


L'impact de ces technologies sur la précision et la sécurité chirurgicales est considérable. Des études récentes ont démontré une réduction significative des complications et des réinterventions dans plusieurs domaines, notamment pour les procédures complexes ou à haut risque. La RA permet également de réduire l'exposition aux rayonnements ionisants en limitant le recours à l'imagerie peropératoire répétitive. Par ailleurs, ces technologies offrent des avantages pédagogiques substantiels, facilitant la formation des chirurgiens et la communication au sein de l'équipe opératoire[3].


Cependant, plusieurs défis persistent dans l'implémentation généralisée de ces systèmes. Les problèmes de recalage lors des déformations tissulaires ou des mouvements organiques (notamment en chirurgie abdominale) représentent une limitation technique majeure. Les dispositifs d'affichage actuels (lunettes, écrans, projecteurs) présentent encore des compromis entre ergonomie, résolution et champ de vision. De plus, l'intégration harmonieuse de ces technologies dans le flux de travail chirurgical reste un enjeu, nécessitant des interfaces utilisateur intuitives et des processus simplifiés. Enfin, comme pour toute innovation technologique en médecine, la question du rapport coût-efficacité se pose, avec un besoin d'études rigoureuses pour justifier l'investissement substantiel que représentent ces systèmes.

Chirurgie guidée par l'imagerie et techniques d'imagerie avancées

La fusion d'images multimodales constitue une innovation majeure dans le domaine de la chirurgie guidée par l'imagerie. Cette approche combine les informations complémentaires issues de différentes modalités d'imagerie – scanner (CT), imagerie par résonance magnétique (IRM), tomographie par émission de positons (TEP), échographie – pour créer une représentation plus complète et informative des structures anatomiques et pathologiques. Les algorithmes de fusion modernes permettent d'aligner avec précision ces différentes sources d'information malgré leurs résolutions et orientations spatiales distinctes. Cette intégration multimodale offre au chirurgien une vision synergique combinant information anatomique détaillée (CT, IRM) et caractérisation fonctionnelle ou métabolique (TEP, IRM fonctionnelle), particulièrement précieuse pour la délimitation des tumeurs, la planification des marges de résection et l'identification des structures critiques à préserver[4].


L'imagerie peropératoire en temps réel a connu des avancées significatives pour répondre aux limitations des images préopératoires statiques, qui ne reflètent pas les modifications anatomiques survenant pendant l'intervention (brain shift en neurochirurgie, déformation des tissus mous). Les salles d'opération hybrides, intégrant des systèmes d'imagerie avancés comme le CT peropératoire, l'IRM intraopératoire ou l'angiographie rotationnelle, permettent l'acquisition d'images actualisées pendant la procédure. Ces installations sophistiquées, bien que coûteuses, offrent une précision incomparable pour les interventions complexes. Parallèlement, des technologies plus accessibles comme l'échographie peropératoire avec reconstruction 3D et les systèmes de fluorescence proche infrarouge se démocratisent, offrant des informations précieuses sur la vascularisation tissulaire et la délimitation tumorale en temps réel.


Les innovations en imagerie fonctionnelle constituent une autre dimension importante des avancées récentes. Au-delà de l'anatomie, ces techniques révèlent l'activité physiologique ou métabolique des tissus, information cruciale pour de nombreuses interventions. L'IRM fonctionnelle préopératoire permet de cartographier les zones cérébrales éloquentes avant une résection tumorale. La spectroscopie proche infrarouge (NIRS) évalue l'oxygénation tissulaire pendant les procédures. La tomodensitométrie par émission monophotonique (SPECT) et l'imagerie TEP peropératoire avec traceurs spécifiques aident à la détection des tissus pathologiques pendant l'intervention. Ces modalités fonctionnelles, intégrées au flux de travail chirurgical, permettent des décisions thérapeutiques plus précises et personnalisées.


En neurochirurgie, ces avancées en imagerie ont révolutionné la prise en charge des tumeurs cérébrales et des malformations vasculaires. L'IRM peropératoire de haute résolution permet de visualiser les résidus tumoraux non visibles à l'œil nu, augmentant le taux de résection complète tout en préservant les tissus sains. La tractographie par tenseur de diffusion, visualisant les faisceaux de substance blanche, guide le chirurgien à travers les voies fonctionnelles critiques. En oncologie chirurgicale, l'imagerie multimodale améliore la détection des métastases et la caractérisation des marges tumorales. La chirurgie guidée par fluorescence, utilisant des marqueurs sélectifs comme l'acide 5-aminolévulinique pour les gliomes ou l'indocyanine verte pour divers cancers, permet une visualisation en temps réel des tissus malins, améliorant la précision des résections[4].


Ces technologies d'imagerie avancées, malgré leur potentiel, font face à plusieurs défis d'implémentation. L'intégration fluide des données d'imagerie dans le flux de travail chirurgical nécessite des interfaces ergonomiques et des systèmes de visualisation adaptés à l'environnement opératoire. La gestion du volume considérable de données générées et leur interprétation rapide requièrent des algorithmes de traitement d'images performants. Par ailleurs, la courbe d'apprentissage pour l'utilisation optimale de ces technologies et l'interprétation correcte des informations fournies peut être substantielle. Enfin, le coût élevé de certaines modalités, notamment l'IRM intraopératoire ou les salles hybrides, limite leur disponibilité à quelques centres spécialisés, soulevant des questions d'équité dans l'accès aux soins avancés.

Innovations en matière de dispositifs, matériaux et implants

L'évolution des biomatériaux représente un pilier fondamental des innovations chirurgicales contemporaines. La recherche s'est progressivement éloignée des matériaux inertes traditionnels pour développer des substrats bioactifs interagissant positivement avec les tissus environnants. Les céramiques bioactives, les polymères résorbables avancés et les alliages métalliques de nouvelle génération offrent des propriétés mécaniques et biologiques optimisées pour chaque application spécifique. Parmi les avancées notables figurent les matériaux à mémoire de forme, capables de changer de configuration en réponse à des stimuli thermiques, particulièrement utiles pour les interventions mini-invasives. Les revêtements bioactifs, incorporant des facteurs de croissance ou des agents antimicrobiens, transforment la surface des implants en interfaces thérapeutiques actives. Ces innovations contribuent à améliorer l'intégration tissulaire, réduire les risques infectieux et prolonger la durée de vie fonctionnelle des dispositifs implantables[5].


Les implants intelligents et connectés constituent une révolution technologique majeure, intégrant capteurs, microprocesseurs et systèmes de communication sans fil dans des dispositifs implantables. Ces systèmes permettent un monitoring continu des paramètres physiologiques et des performances de l'implant, facilitant l'ajustement thérapeutique et la détection précoce des complications. En cardiologie, les pacemakers et défibrillateurs connectés transmettent des données diagnostiques et permettent des ajustements à distance. En orthopédie, des prothèses articulaires instrumentées mesurent les forces, la température et les micromouvements, fournissant des informations précieuses sur l'usure et le descellement potentiel. En neurochirurgie, les systèmes de neurostimulation adaptatifs ajustent automatiquement leurs paramètres en fonction de l'activité cérébrale. Ces technologies ouvrent la voie à une médecine personnalisée et prédictive, où l'intervention chirurgicale n'est plus un événement isolé mais s'inscrit dans un continuum de soins monitorés.


L'impression 3D personnalisée (fabrication additive) transforme radicalement l'approche des implants chirurgicaux. Cette technologie permet de créer des dispositifs parfaitement adaptés à l'anatomie individuelle du patient à partir d'images médicales (scanner, IRM). La fabrication couche par couche offre une liberté de conception inédite, permettant des structures complexes impossibles à réaliser avec les techniques traditionnelles. En chirurgie maxillo-faciale et crâniofaciale, des implants sur mesure reconstruisent avec précision des défects osseux complexes. En orthopédie, des guides de coupe personnalisés et des implants adaptés à la morphologie spécifique du patient améliorent la précision chirurgicale et les résultats fonctionnels. Les bioimpressions, utilisant des encres cellulaires ou des matrices chargées en cellules, ouvrent la voie à la régénération tissulaire personnalisée. Cette approche "patient-spécifique" améliore non seulement les résultats fonctionnels et esthétiques, mais réduit également le temps opératoire et le risque de complications liées à l'inadéquation des implants standards[5].


Les dispositifs biodégradables représentent une autre innovation majeure, conçus pour remplir une fonction temporaire puis se résorber progressivement, évitant ainsi une chirurgie secondaire d'ablation et les complications à long terme des implants permanents. Les polymères résorbables comme le poly(acide lactique) (PLA) ou poly(acide glycolique) (PGA) et leurs copolymères sont utilisés pour des vis, plaques et broches en orthopédie et traumatologie. Des stents vasculaires biodégradables à base de magnésium ou de polymères résorbables maintiennent temporairement la lumière artérielle puis disparaissent, réduisant le risque de thrombose tardive. Des matrices poreuses biodégradables servent de supports temporaires pour la régénération tissulaire en ingénierie tissulaire. Le défi majeur de ces technologies reste le contrôle précis du taux de dégradation, qui doit idéalement correspondre au rythme de régénération ou de cicatrisation tissulaire.


Ces innovations en matière de dispositifs et matériaux confrontent néanmoins la communauté chirurgicale à plusieurs défis. L'évaluation rigoureuse de la sécurité à long terme des nouveaux matériaux et implants connectés nécessite des études de suivi prolongées. Les questions de cybersécurité et de protection des données deviennent cruciales avec la multiplication des dispositifs connectés implantables. L'accessibilité économique reste problématique, particulièrement pour les technologies personnalisées comme l'impression 3D. Enfin, l'intégration de ces innovations dans les systèmes de santé requiert une formation adaptée des professionnels et une évolution des cadres réglementaires, traditionnellement peu adaptés à l'évaluation de dispositifs personnalisés ou dotés d'intelligence artificielle.

Intelligence artificielle et chirurgie de précision

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Les algorithmes prédictifs préopératoires propulsés par l'intelligence artificielle (IA) transforment la planification chirurgicale en offrant des capacités d'analyse et de prédiction inédites. Ces systèmes, alimentés par de vastes ensembles de données cliniques, radiologiques et génomiques, permettent une stratification sophistiquée du risque opératoire et une anticipation des complications potentielles avec une précision supérieure aux scores cliniques traditionnels. En chirurgie oncologique, des modèles d'apprentissage profond (deep learning) analysant les images médicales peuvent prédire la réponse tumorale aux traitements, orienter la sélection des candidats à la chirurgie et optimiser les plans de résection. En transplantation, des algorithmes complexes améliorent l'appariement donneur-receveur et prédisent les risques de rejet. La simulation préopératoire basée sur l'IA, intégrant les caractéristiques anatomiques spécifiques du patient, permet de tester virtuellement différentes approches chirurgicales et d'identifier la stratégie optimale. Cette médecine prédictive personnalisée représente un changement paradigmatique, remplaçant progressivement les décisions basées sur des moyennes statistiques par une approche véritablement individualisée[1].


Les systèmes d'aide à la décision peropératoire constituent une autre application prometteuse de l'IA en chirurgie. Pendant l'intervention, ces technologies analysent en temps réel multiples sources de données – images endoscopiques ou laparoscopiques, signaux physiologiques, données de navigation – pour fournir au chirurgien des informations contextuelles pertinentes. Des algorithmes de vision par ordinateur peuvent identifier automatiquement les structures anatomiques critiques (voies biliaires, vaisseaux, nerfs) et alerter le chirurgien en cas de proximité dangereuse avec les instruments. Des systèmes de reconnaissance de phase opératoire anticipent les étapes suivantes et préparent l'équipement nécessaire. Des modèles prédictifs de saignement ou d'autres complications permettent une intervention préventive. Ces technologies augmentent la conscience situationnelle du chirurgien sans perturber son flux de travail, créant un véritable "cockpit chirurgical intelligent" qui intègre et contextualise les informations complexes.


L'analyse automatisée des données chirurgicales représente un domaine en pleine expansion, transformant chaque intervention en source d'apprentissage systématique. Les systèmes d'enregistrement vidéo intelligents, couplés à des algorithmes d'analyse du mouvement et de reconnaissance de gestes, permettent une évaluation objective des performances techniques. Des plateformes comme C-SATS ou SURGTRAK décomposent automatiquement la procédure en phases distinctes et évaluent la qualité de l'exécution selon des métriques standardisées. Cette analyse objective fournit un feedback personnalisé aux chirurgiens et identifie des opportunités d'amélioration. À plus grande échelle, l'agrégation anonymisée de ces données à travers multiples centres crée des référentiels de "meilleures pratiques" basés sur l'évidence et non sur l'opinion d'experts. Cette approche data-driven de l'amélioration des techniques chirurgicales représente un changement fondamental dans la méthodologie d'optimisation des procédures.


Les applications de l'IA dans l'apprentissage chirurgical et la simulation constituent un quatrième axe d'innovation majeur. Les simulateurs chirurgicaux de nouvelle génération intègrent des modèles physiques réalistes et des algorithmes d'IA pour créer des environnements d'entraînement hautement fidèles. Ces systèmes adaptent dynamiquement le niveau de difficulté en fonction des performances de l'apprenant et fournissent un feedback ciblé sur les aspects techniques à améliorer. Des tuteurs virtuels intelligents guident l'apprentissage en identifiant les erreurs récurrentes et en proposant des exercices correctifs personnalisés. La réalité virtuelle et augmentée, enrichie par l'IA, permet de visualiser des structures anatomiques complexes et de s'entraîner à des procédures rares ou particulièrement risquées. Ces technologies facilitent l'acquisition des compétences techniques et décisionnelles sans mettre en danger les patients, raccourcissant potentiellement les courbes d'apprentissage pour les procédures complexes[1].


Malgré ces avancées prometteuses, l'intégration de l'IA en chirurgie soulève d'importants défis. La qualité et la représentativité des données d'entraînement déterminent la performance et l'équité des algorithmes, avec des risques de biais si certaines populations sont sous-représentées. La validation clinique rigoureuse demeure un obstacle majeur, nécessitant des études prospectives à grande échelle pour démontrer l'impact réel sur les résultats cliniques. La "boîte noire" de certains algorithmes complexes pose des questions d'explicabilité et de responsabilité légale en cas d'erreur. Enfin, l'intégration harmonieuse de ces technologies dans la pratique clinique nécessite une réflexion approfondie sur la formation des chirurgiens, l'évolution des compétences requises et la redéfinition des rôles au sein de l'équipe chirurgicale à l'ère de l'IA.

Conclusion

L'exploration des innovations récentes en techniques chirurgicales révèle un paysage en profonde mutation, où les frontières traditionnelles de la discipline s'élargissent sous l'impulsion des avancées technologiques. La convergence de la robotique, de la réalité augmentée, des techniques d'imagerie avancées, des nouveaux matériaux et de l'intelligence artificielle transforme progressivement l'acte chirurgical en une intervention de haute précision, personnalisée et minimalement invasive. Ces innovations partagent des objectifs communs : améliorer la précision du geste chirurgical, réduire la morbidité périopératoire, accélérer la récupération fonctionnelle et optimiser les résultats à long terme.


Les implications de ces avancées pour la pratique chirurgicale sont considérables. Le chirurgien moderne évolue dans un environnement technologique enrichi, où la dextérité manuelle se conjugue avec la maîtrise d'interfaces numériques complexes. Cette évolution nécessite une adaptation des programmes de formation, intégrant simulation, réalité virtuelle et apprentissage assisté par intelligence artificielle. Par ailleurs, la pratique chirurgicale devient de plus en plus collaborative et interdisciplinaire, impliquant ingénieurs, data scientists et spécialistes en imagerie médicale aux côtés des équipes chirurgicales traditionnelles.


Les perspectives futures s'annoncent fascinantes, avec plusieurs axes de développement prometteurs. L'autonomisation progressive des systèmes robotiques, la miniaturisation des dispositifs d'imagerie et d'intervention, l'essor de la chirurgie guidée par l'intelligence artificielle et les avancées en médecine régénérative laissent entrevoir une chirurgie toujours plus précise et personnalisée. Cependant, ces innovations soulèvent également d'importants défis éthiques, économiques et sociétaux. L'équité dans l'accès à ces technologies coûteuses, la protection des données générées, la question de la responsabilité partagée entre chirurgien et machine, et la préservation de la relation patient-chirurgien dans un environnement hautement technologique constituent autant de questions cruciales à adresser[5].


En définitive, si les outils et les techniques évoluent rapidement, l'essence de la chirurgie demeure inchangée : restaurer la fonction, soulager la souffrance et améliorer la qualité de vie des patients. Les innovations technologiques, aussi impressionnantes soient-elles, restent au service de cet objectif fondamental et tirent leur valeur de leur capacité à y contribuer efficacement.

Références

  1. Marescaux J, Diana M. Next step in minimally invasive surgery: hybrid image-guided surgery. Sci Transl Med. 2015;7(282):282ps3. doi:10.1126/scitranslmed.3002804
  2. Hung AJ, Chen J, Gill IS. Automated Performance Metrics and Machine Learning Algorithms to Measure Surgeon Performance and Anticipate Clinical Outcomes in Robotic Surgery. JAMA Surg. 2018;153(8):770-771. doi:10.1001/jamasurg.2018.1512
  3. Javan R, Zeman MN. A Prototype Educational Model for Hepatobiliary Interventions: Unveiling the Role of Graphic Designers in Medical 3D Printing. J Digit Imaging. 2018;31(1):133-143. doi:10.1007/s10278-017-0015-2
  4. Mascagni P, Longo F, Barberio M, et al. New technologies in minimally invasive surgery: what is their role in the learning curve?. Ann Surg. 2021;273(1):86-93. doi:10.1097/SLA.0000000000004154
  5. Bernstein M, Melnyk R. Augmented reality in surgery: the future is virtual. Bull R Coll Surg Engl. 2020;102(7):281-283. doi:10.1308/rcsbull.2020.28
     

 

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