Comment surmonter la stigmatisation liée à l'obésité ?

La stigmatisation liée à l’obésité repose sur des stéréotypes négatifs qui associent excès pondéral et manque de volonté, paresse ou absence de discipline. Historiquement, les perceptions du corps ont varié : dans certaines cultures passées, la corpulence était signe de richesse et de prospérité, tandis que dans les sociétés industrialisées modernes, l’idéal corporel est souvent lié à la minceur [2].

Comment surmonter la stigmatisation liée à l'obésité ?

On distingue trois formes principales :

Institutionnelle : politiques ou pratiques discriminatoires dans les soins, l’éducation ou l’emploi.

Interpersonnelle : moqueries, insultes ou exclusion sociale.

Internalisée : adoption par la personne elle-même de jugements négatifs sur son propre corps.

Les études montrent que la stigmatisation est présente dès l’enfance, influençant la scolarité et la confiance en soi. Les enquêtes épidémiologiques révèlent que les discriminations liées au poids sont comparables, en fréquence, à celles basées sur l’origine ethnique ou le genre dans certains contextes [3].

Conséquences psychologiques et physiques de la stigmatisation

 Les impacts psychologiques sont parmi les plus documentés. Les personnes stigmatisées présentent un risque accru de dépression, d’anxiété et de troubles du comportement alimentaire. La honte corporelle peut mener à l’évitement des situations sociales, aggravant l’isolement et réduisant les opportunités professionnelles et relationnelles.
Sur le plan physiologique, le stress chronique déclenché par les expériences de stigmatisation entraîne une activation répétée de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, augmentant la sécrétion de cortisol, ce qui favorise le stockage des graisses abdominales et altère le métabolisme.


En milieu médical, la stigmatisation peut retarder le diagnostic : certains patients évitent les consultations par crainte du jugement, tandis que d’autres reçoivent des soins inadéquats, les symptômes étant parfois attribués uniquement à leur poids, au détriment d’autres causes possibles [4].

Facteurs contribuant à la persistance de la stigmatisation

Les médias jouent un rôle central : de nombreux films, séries ou publicités renforcent des clichés humoristiques ou péjoratifs sur les personnes obèses. Les réseaux sociaux amplifient ces représentations, parfois sous couvert d’« humour » ou de prétendus conseils santé.


Les croyances erronées sur l’obésité — comme l’idée qu’il s’agit uniquement d’un choix de mode de vie — ignorent les dimensions génétiques, hormonales, environnementales et psychologiques. Cette simplification abusive alimente le blâme et décourage les solutions multidimensionnelles.


Les politiques publiques peuvent involontairement renforcer la stigmatisation : certaines campagnes anti-obésité, centrées sur l’image corporelle plutôt que sur la santé globale, entretiennent des messages culpabilisants.

Stratégies individuelles pour surmonter la stigmatisation

Sur le plan individuel, développer la résilience est essentiel. Les techniques de pleine conscience, la thérapie cognitivo-comportementale et les programmes de renforcement de l’estime de soi peuvent réduire l’impact émotionnel de la stigmatisation.


L’éducation à la santé joue également un rôle : comprendre les mécanismes biologiques et sociaux de l’obésité permet de déconstruire les discours culpabilisants.


Les groupes de soutien — qu’ils soient en ligne ou en présentiel — offrent un espace de partage, de validation et de stratégies d’adaptation. Ils favorisent l’empowerment et aident à contrer l’isolement social. Ces communautés permettent aussi de s’engager dans des actions de plaidoyer pour changer les perceptions collectives [5].

Approches collectives et systémiques

Pour un changement durable, des interventions à l’échelle sociétale sont nécessaires. La formation des professionnels de santé à la prise en charge non stigmatisante est une priorité : elle améliore la relation patient-praticien et favorise l’adhésion aux soins.


Les médias peuvent contribuer positivement en montrant des corps diversifiés dans des rôles valorisants et en évitant les clichés. Des campagnes de santé publique centrées sur la promotion du bien-être global plutôt que sur la perte de poids peuvent réduire les messages culpabilisants.


Enfin, des lois anti-discrimination incluant le poids comme critère protégé, à l’instar de certaines juridictions américaines, constituent un levier puissant pour limiter la stigmatisation institutionnelle.

Conclusion

La stigmatisation liée à l’obésité est un problème complexe aux ramifications profondes sur la santé et le bien-être des individus. Elle résulte d’un enchevêtrement de facteurs culturels, sociaux et politiques qui nécessitent une réponse coordonnée.

 

Surmonter cette stigmatisation implique à la fois un travail intérieur, pour développer la résilience et l’estime de soi, et une mobilisation collective pour transformer les représentations et les politiques.


Construire une société inclusive exige que la santé soit envisagée dans toute sa complexité, en reconnaissant la diversité corporelle comme une composante naturelle de l’humanité.

Références

  1. World Health Organization. Obesity and overweight.
  2. Stearns PN. Fat History: Bodies and Beauty in the Modern West. New York University Press, 2002.
  3. Puhl RM, Heuer CA. The stigma of obesity: a review and update. Obesity (Silver Spring). 2009;17(5):941-964.
  4. Tomiyama AJ, et al. How and why weight stigma drives the obesity ‘epidemic’ and harms health. BMC Medicine. 2018;16:123.
  5. Pearl RL, Puhl RM. The distinct effects of internalizing weight bias: An experimental study. Body Image. 2016;17:38-42. 

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