Comment réduire l'isolement social des personnes âgées ?

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Le vieillissement de la population, la désertification de certains territoires, les phénomènes de repli suite à une rupture amoureuse ou la perte d'un proche, et l’éloignement physique des familles par la mobilité professionnelle et sociale, impliquent un isolement social de plus en plus marqué et devient un enjeu de politiques publiques majeur.

Lorsqu’on parle d’isolement social, on pense immédiatement aux aînés, aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux personnes dépendantes. Pourtant, il y a aussi un isolement social chez les jeunes, les jeunes parents et plus particulièrement les jeunes mères, les personnes en situation de handicap physique ou psychique.

Afin de surmonter la solitude et l'isolement social, les forces intérieures d'une personne ne suffisent pas pour la majorité des humains, même si la résilience peut aider à se reconstruire d'une façon socialement acceptable quel que soit l'âge. Pour le retour à une dynamique, le soutien et certains soins élémentaires sont des ressources impératives pour combattre l'isolement et ses conséquences sur la santé et le bien-être.

Les sourires d'une personne âgée et d'une aidante

La définition de l’isolement social

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Pour le conseil économique, social et environnemental, l’isolement social est « la situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance ou de danger. Les relations d’une qualité insuffisante sont celles qui produisent un déni de reconnaissance, un déficit de sécurité et une participation empêchée. » [1]

Par ailleurs, en 2015, toujours selon les données de l’INSEE, 3% des individus de 16 ans et plus déclarent n’avoir eu qu’un contact physique ou distant par mois. De plus, 8% des individus disent se « sentir seul tout le temps » ou « la plupart du temps ». [2]

Quelle est la différence entre la solitude et l’isolement ?

La solitude désigne, selon le dictionnaire des éditions Larousse : « l’état de quelqu’un qui est seul momentanément ou habituellement ».

Elle est parfois choisie afin de se ressourcer, de méditer,…. À la différence de l’isolement qui implique un état de souffrance, voire d’un déficit de sécurité.

Lorsqu’on parle d’isolement social, on pense immédiatement aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux personnes dépendantes.

Pourtant, il y a aussi un isolement social chez les jeunes, les jeunes mères, les personnes en situation de handicap physique ou psychique.

Quelles sont les causes et les conséquences de la solitude et de l’isolement social ?

La solitude amène la notion de sensation. La personne peut être entourée mais se sentir seule. Celle-ci touche tous les âges et peut être choisie ou subie. Si elle est choisie, c’est pour une période courte et favorable à la personne qui est en demande.

Cependant, lorsqu’elle est subie, la personne a une vie sociale mais ressent une sensation de solitude. Les causes de cette solitude peuvent être multiples et similaires à l’isolement social :

  • La vie urbaine impliquant l’activité professionnelle, le télétravail, le manque de lien social qui peut entraîner un sentiment de solitude.
  • La vie moderne avec les réseaux sociaux, le numérique qui prend de plus en plus de place et qui provoque un sentiment de solitude notamment chez les jeunes.
  • La précarité concernant plus particulièrement les étudiants et les personnes âgées.
  • La vieillesse.
  • La dépression.
  • Le repli sur soi suite à la perte d’un être cher ou par phobie sociale (peur associée à certaines activités sociales).
  • La maladie.
  • Le handicap.
  • Le manque de nourriture sociale (liens sociaux qui ne satisfont pas l’individu).

Tous ces domaines ont en commun de créer une augmentation des facteurs de risque liés à état de stress chronique des individus.

Des études montrent que la solitude a des conséquences aussi négatives que le tabagisme, la consommation d’alcool, l’obésité,….

Le stress chronique provoqué par ce sentiment de solitude peut avoir pour conséquence une inflammation à long terme, une diminution de l’immunité, une hyperglycémie, des douleurs ou la dépression.

Fréquemment, ce stress lié à la solitude pousse les individus à consommer de l’alcool, des drogues, du tabac et/ou une alimentation non équilibrée. [3]

Par ailleurs, l’isolement social peut être lui aussi, à l’origine de problèmes de santé. Comme le montre une étude de 2018 sur les maladies cardiaques, la solitude et l’isolement augmentent la morbidité et la mortalité.

Par conséquent, ils sont considérés comme des facteurs de risques des maladies cardio-vasculaires. Associés à ceux-ci, le stress chronique active, le système nerveux sympathique et l’axe hypotalamo-hypophysaire augmentant les monocytes pro-inflammatoires, les cytokines et la résistance aux glucocorticoïdes. [4]

L’isolement des personnes âgées est-il préoccupant ?

Le vieillissement de la population entraîne l’isolement social d’un grand nombre de personnes en France. Selon le ministère des solidarités et de la santé, l’isolement social touche plus particulièrement les personnes âgées de plus de 75 ans qui représentent ¼ des personnes en situation d’isolement, c’est-à-dire, 5 millions de Français.

L’isolement social représente un danger et une situation de souffrance pour les personnes âgées. Tout d’abord, il a un impact sur la santé mentale et physique de la personne concernée. Les effets de l’isolement social sont une dépréciation de soi, un mal-être et une mort sociale.

D’ailleurs, les individus vivants seuls ont 4 à 5 fois plus de risques de se faire hospitaliser, selon le rapport du Conseil national des aînés. Ainsi, les facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires sont augmentés par le stress chronique, pouvant lui-même être à l’origine d’une diminution de l’immunité et du diabète de type II.

Toujours selon le Conseil national des ainés, l’isolement social est considéré comme un facteur de risque de la maltraitance par sa perte d’autonomie et d’indépendance (acte criminel, vol ou abus de confiance).

L'isolement social est la situation dans laquelle se trouve une personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance et de danger. En France, 2 millions personnes âgées de 60 ans et plus sont isolées de leur famille et de leurs amis. [5]

Enfin, l’isolement social participe à la perte des capacités cognitives et fait augmenter de 60% le risque de démence pouvant être associé à la dépression et au suicide. [6]

Quels sont les dangers de la solitude ?

« C'est une question de survie dans la mesure où, ce qui guette Robinson, c'est le danger par excellence de la solitude »

– « Vendredi ou la Vie sauvage » (1971), Michel Tournier.

Les liens sociaux sont un besoin vital inscrit dans notre biologie. L’être humain est un animal grégaire, ainsi c’est dans son rapport aux autres que se définit sa solitude. Ce manque de lien qualitatif socialement entraîne un risque de développer des pathologies autant physiques que psychologiques.

Comme précédemment décrit, les facteurs de risques sont similaires à ceux de la consommation d’alcool, de tabac, au manque d’activité physique et augmentent le risque de maladies cardio-vasculaires, de pathologies chroniques, de maladies neurodégénératives, de baisse de fonction du système immunitaire.

La solitude induit un déficit de sécurité pour la personne qui la subit. Des études ont montré une corrélation entre la solitude et l’augmentation de la consommation de tabac provoquant l’accroissement des facteurs de risque de morbidité et de mortalité des individus.

Ainsi, l’abandon du tabagisme reste un point de vigilance dans le cadre de la solitude. Pour accompagner les individus dans l’abandon du tabagisme, la prescription de médicaments et la prise en charge par un psychologue sont des solutions.

Qu'est ce que la solitude ? - Vidéo de sensibilisation par l'association Astrée

Comment mesurer l’isolement social ?

Depuis 2010, la Fondation de France publie régulièrement des rapports fondant leurs indicateurs sur la définition suivante : « Sont considérées comme étant en situation d’isolement objectif les personnes qui n’ont aucune relation sociale significative au sein des cinq grands réseaux de sociabilité : réseau familial, réseau professionnel, réseau associatif, réseau amical, réseau de voisinage.»

Cependant, en 2016, ces enquêtes ne sont plus menées par téléphone mais en ligne ce qui élimine une partie du public des ainés dont un grand nombre est exclu du domaine numérique.

Ainsi, les Petits Frères des Pauvres donnent un rapport détaillé sur l’isolement des personnes âgées de 60 ans et plus.

Les données de ce rapport mené en 2017 indiquent que 300 000 personnes de 60 ans et plus sont en situation de « mort sociale », c’est-à-dire, presque sans ou sans contacts sociaux (cercles sociaux comportant le cercle familial, amical, le voisinage et les réseaux associatifs) ainsi que 900 000 personnes de la même catégorie d’âge sont isolées des cercles sociaux familiaux et amicaux. [7]

Parmi les indicateurs de mesures choisis, il y a :

  • Isolement du cercle familial
  • Isolement du cercle amical
  • Isolement du cercle « voisinage »
  • Isolement des réseaux associatifs

Ces données sont récoltées en France métropolitaine et par région.

Par ailleurs, le rapport précise que 27 % des personnes de 60 ans et plus sont en situation d’exclusion numérique. Il y est aussi recensé le sentiment de solitude des personnes âgées par région en 2020.

L’isolement social, la solitude et le chômage

Selon les données de la fondation de France, depuis 10 ans, il y a bien une corrélation entre l’isolement social et la précarité. Celle-ci augmente les situations d’isolement puisque 12% déclarent être au chômage en 2019. [8]

En mars 2015, dans la ville de Strasbourg, une enquête basée sur des questionnaires, est réalisée par Serge Paugman, directeur de recherches au CNRS, à l’initiative de la société Saint-Vincent-de-Paul en partenariat avec la Fondation Caritas-France, la Fondation pour le Lien Social-Croix-Rouge France et la Fondation des Petits Frères des Pauvres et a mis en lumière que les personnes touchées par la précarité sont plus touchées par la solitude et la dépression. [9]

Les solutions d'isolement social et de prévention de la solitude au travail

Les effets de l’isolement ne font pas exception dans le cadre professionnel. La problématique de l’isolement peut être créée par le stress, la perte de l’estime de soi et un état de mal-être au travail.

D’ailleurs, le baromètre 2019 ParisWorkplace réalisé par l'IFOP confirme que 26 % des salariés se sentent souvent isolés et que ce sentiment d'isolement ne semble pas être compensé par l'usage croissant des technologies d'information et de communication ni par le développement de nouveaux modes d'organisation du travail comme le « télétravail ». 

Selon l’INRS, les indicateurs objectifs permettant de déterminer une situation d’isolement au travail sont : le nombre de personnes à proximité, la durée de l’isolement, le nombre de contacts par jour, de coups de téléphone, l’accès à une assistance, qui par ailleurs serait le critère la plus important. [10] A l’évidence, le télétravail est un autre facteur favorisant l’isolement au travail.

Par ailleurs, Malakoff Humanis publie les données d’une étude de BPI France Lab datant de 2016 et indiquant que 45% des dirigeants d’entreprises se sentent isolés. Le groupe propose plusieurs solutions comme entretenir un réseau d’entrepreneurs, revoir l’organisation de son entreprise (par exemple mettre en place un comité de direction), se former régulièrement, demander de l’aide à un professionnel du conseil et en parler. [11]

De plus, afin de trouver une solution à ces situations d’isolement social et de solitude, les entreprises se tournent de plus en plus vers le bien-être au travail.

L’objectif est d’intégrer au mieux le salarié au sein de l’entreprise afin d’en faire un véritable acteur et réduire la sensation de solitude. Une politique managériale plus moderne permet aussi d’éloigner ce sentiment du cadre professionnel. Plus particulièrement, la qualité des relations sociales est primordiale pour assurer une diminution de l’isolement. D’autres solutions existent pour lutter contre l’isolement : le sport et la méditation se présentent comme des moyens efficaces.

Comment briser l'isolement social chez les jeunes ?

A l’origine de l’isolement social des jeunes, il y a les déménagements, l’échec scolaire ou encore la précarité. A ce sujet, la fondation de France a mené une étude sur la solitude des 15-30 ans. Il en ressort que 6% des jeunes entre 15 et 30 ans sont concernés par l’isolement.

De plus, 60% des jeunes isolés ou socialement vulnérables se sentent inutiles impliquant une dépréciation de soi.

A cet effet, la fondation de France met à disposition 1000 initiatives avec un budget de 15 millions d’euros par an en faveur du lien social.

Les actions menées sont « l’aide à l’enfance / l’adolescence et à la parentalité, la lutte contre le décrochage scolaire, la médiation culturelle, la contribution à la bonne santé et au bien-être, l’insertion par le sport, le développement de l’habitat participatif ou partagé, la formation et l’insertion professionnelle, le soutien à la vie sociale et citoyenne malgré le handicap... » [12]

Comment rompre l'isolement social chez les jeunes parents ?

La périnatalité est source de grands changements et de vulnérabilité. Elle peut engendrer l’isolement des jeunes parents qui souvent sont victimes d’un déni de reconnaissance.

Cet isolement social peut prendre deux formes : l’isolement géographique et l’isolement relationnel. L’isolement géographique limite les aides « d’urgence », si le parent a besoin d’être « dépanné ».

L’isolement relationnel vient du manque de proximité et de contacts avec les proches des parents. Ces deux types d’isolements augmentent la difficulté à « devenir parent ».

Ainsi, la problématique de l’isolement a pour conséquence la perte de l’estime de soi des deux parents qui coupent au fur et à mesure des liens sociaux, entrant dans un cercle vicieux et se renfermant avec leur bébé. Il en résulte une mort sociale.

Afin d’y remédier ou de prévenir ce phénomène, il est bon de se tourner vers des professionnels de santé spécialisés, de maintenir des liens sociaux notamment avec la famille (grands-parents et proches), et avoir un soutien social majoritairement représenté par le père. [13]

Dans le cas de familles « monoparentales » et pour lutter contre l’isolement, « le réseau d’entraide pour les familles monoparentales » est proposé par le ministère de la famille, de l’enfance et des droits des femmes.

En 2012, il y avait 1,7 million de familles monoparentales composées de 85% de femmes. L’épuisement et les difficultés financières en font des personnes plus vulnérables à l’isolement social. [14]

Comment lutter contre l'isolement social des personnes en situation de handicap ?

L’enquête menée par le CREDOC pour la fondation de France rapporte que 52% des personnes porteuses d’une maladie ou d’un handicap déclarent que la maladie et/ou le handicap ont une influence négative sur leur quotidien. Il existe bien une corrélation entre l’isolement social et le handicap.

A l’origine de ce chiffre, la douleur, la fatigue et les difficultés de mobilité engendrées par la maladie et/ou le handicap. Pour lutter contre cet isolement social, les acteurs médicaux, les travailleurs sociaux et les acteurs du maintien de l’emploi doivent se réunir.

A cet effet, la mission de l’Agefiph est d’ouvrir l’emploi aux personnes en situation de handicap.

D’ailleurs, l’Agefiph mène des actions de sensibilisation aux handicaps permettant une meilleure inclusion au sein de la société.

De plus, la mise en place d’espaces de parole est importante que ce soit par la formation de groupes ou à l’aide du numérique, avec notamment l’utilisation des réseaux sociaux. [15]

Comment sortir nos aînés de l'isolement social ?

Le ministère des solidarités publie que chacun d’entre nous a un rôle à jouer (citoyens, professionnels de santé, secouristes, facteurs, gardiens, voisins, aidants, …).

Il est facile de demander ou proposer un service, inviter à partager un moment ensemble, se renseigner sur des lieux créant des liens sociaux (club de quartier pour séniors, héberger un étudiant, faire du bénévolat,…), se renseigner sur les aides à domicile, proposer de s’inscrire sur la liste des personnes vulnérables en mairie, aider à réaliser des démarches administratives. [16]

Afin de lutter contre l’isolement social des personnes âgées, certains EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou maisons de retraite proposent sous prescription du médecin des rendez-vous avec des professionnels de la santé (kinésithérapeutes et/ou ergothérapeute) et des activités comme l’art-thérapie, la zoothérapie ou encore la musicothérapie.

Pourquoi existe-t-il un isolement social chez les aidants ?

En France, on compte 11 millions d’aidant.es qui souffrent d’un déni de reconnaissance et de déficit de protection.

Ces individus fournissent un travail invisible et gratuit pour leurs proches en perte de capacité.

Ainsi, le temps de socialisation se voit réduit par le temps imparti par leur fonction d’aidant.es.

De plus, la plupart du temps, l’entourage ne comprend pas leur investissement et la société ne les rend pas visible.

Par ailleurs, ces personnes reçoivent des aides inadaptées à leur fonction. A ce titre, le collectif « Je t'aide » publient dix propositions pour lutter contre l’isolement des aidant.es. [17]

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Quel impact a eu l’isolement sur la santé mentale des individus après le confinement ?

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

Le confinement et l’isolation provoqués par la pandémie du SARS-Cov-2 ont permis de mettre en avant les effets néfastes de l’isolation sociale sur la santé mentale notamment des aînés et des jeunes.

Un article dans The journal of nutrition, health and aging, publié en septembre 2020 conclut que la distanciation sociale pendant la pandémie a affecté les personnes âgées.

Les répercussions mentales et physiques sont l’anxiété, la dépression, le manque de sommeil et l’inactivité physique. [18]

De plus, une étude montre que la pandémie a eu un impact négatif sur les enfants et les adolescents. Cet isolement a augmenté le stress, le sentiment de détresse et de peur pouvant évoluer en maladie mentale comme l’anxiété, la dépression et le syndrome de stress post-traumatique. [19]

Pour améliorer la santé mentale des individus, il est proposé une prise en charge par un médecin et un psychologue voire l’utilisation de médicaments. Il est aussi conseillé d’avoir recours à d’autres méthodes comme l’art-thérapie, le sport et la méditation.

 

Personnes âgées utilisant un iPad

 

Pour lutter contre l’isolement des aînés, le numérique serait-il une solution ?

Selon les données de l’INSEE, une personne sur deux de 75 ans ou plus n’a pas accès à internet à son domicile. Les démarches administratives dématérialisées augmentent l’isolement de ces individus.

Une étude réalisée par le CSA pour les Petits Frères de Pauvres en septembre 2018 apporte de nombreuses informations sur l’utilisation et les améliorations possibles en matière de numérique.

Par exemple, « 61 % des internautes de 60 ans et plus utilisent Internet pour maintenir des liens avec la famille et les proches. C’est l’usage qui arrive en premier et qui est extrêmement profitable aux plus de 80 ans ». Les points forts de l’utilisation du numérique sont :

  • Un usage « pratique/matériel » par la facilitation des démarches administratives, les informations fournies, l’ouverture sur le monde.
  • Un usage « social » par l’utilisation d’outils numériques comme WhatsApp®, Messenger®, Signal®.
  • Un usage « récréatif » par l’utilisation d’internet comme un « passe-temps » grâce aux jeux, à la musique, à l’enrichissement des savoirs.

Cependant, internet reste encore un espace inconnu pour une majorité de nos aînés, un monde sans grand intérêt et un manque de formation (et d’envie d’être formé). [20]

Face à ces aides inadaptés, le projet de nombreuses associations est de promouvoir l’utilisation du numérique et le rendre accessible pour plus d’inclusion des personnes de 60 ans et plus ; notamment grâce aux associations comme Silver Geek, Old’up ou Générations Mouvement.

Sans oublier que la lutte contre l’isolement réside aussi dans les EPHAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et les maisons de retraite où le numérique a de plus en plus sa place. Les appels en visioconférence par exemple maintiennent un lien avec les cercles sociaux des résidents.

 

https://le-guide-sante-senior.fr

 

Les réseaux sociaux sont-ils un frein à la solitude ?

Selon les données d’une étude publiée dans l’American Journal of Preventive Medecine, plus les individus passent de temps sur les réseaux plus ils ont une sensation de solitude.

Les personnes qui passent plus de 2 heures par jour ont plus de chances de ressentir un isolement social que les personnes qui passent 30 minutes. [21]

Selon une étude des Seniorales, 43% des plus de 65 ans sont inscrits sur les réseaux sociaux, essentiellement sur Facebook®, Twitter® et Skype®.

Par ailleurs 35% d’entre eux vont sur internet au moins une fois par semaine. Ces réseaux permettent un maintien social, certes à distance, rompant avec la solitude. [22]

Isolement social et solitude : risque de maladie cardiaque chez les femmes âgées

Augmentation du risque de maladie cardiaque chez les femmes âgées pendant la pandémie

La pandémie de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a forcé à la distanciation sociale dont elle est des outils utilisés pour réduire la propagation du virus.

Toutefois, les données d'une nouvelle étude [23] publiée le 2 février 2022 dans la revue scientifique JAMA Network Open indiquent une augmentation de 27 % du risque de maladie cardiaque chez les femmes ménopausées vivant à la fois des niveaux élevés d'isolement social et de solitude.

Ainsi, la crise sanitaire a fragilisé le tissu social, et en particulier des personnes fragiles et déjà à risque d’isolement comme les personnes âgées.

Les résultats de cette étude prospective révèlent que l'isolement social et la solitude augmentent indépendamment le risque de maladie cardiovasculaire de 8 % et 5 % respectivement. Le risque des femmes a augmenté de 13% à 27% par rapport aux femmes qui ont déclaré de faibles niveaux d'isolement social et de faibles niveaux de solitude.

Rappelons que nous sommes tous des êtres sociaux, et qu'en cette période de nombreuses personnes connaissent l'isolement social et la solitude, qui peuvent dégénérer en états chroniques. De la sorte, il est important de mieux comprendre les effets aigus et à long terme de ces expériences sur la santé cardiovasculaire et le bien-être général.

En effet, il est important de noter que l'isolement social et la solitude sont légèrement corrélés et peuvent survenir en même temps, mais ils ne s'excluent pas mutuellement. Une personne socialement isolée n'est pas toujours seule et à l'inverse une personne en situation de solitude n'est pas forcément socialement isolée. L'isolement social consiste à être physiquement éloigné des gens, comme ne pas toucher, voir ou parler à d'autres personnes. La solitude est un sentiment, qui peut être ressenti même par des personnes qui sont régulièrement en contact avec d'autres.

L'isolement social et la solitude sont un problème de santé publique croissant partout dans le monde, car ils sont associés à des problèmes de santé qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, notamment l'obésité, le tabagisme, l'inactivité physique, la dépression, l'hypercholestérolémie, une mauvaise alimentation, le diabète de type 2 et l'hypertension artérielle.

Dans cette étude, lorsque les chercheurs ont inclus tous ces comportements et conditions de santé, ils ont remarqué que l'isolement social élevé et la solitude sont restés fortement liés à un risque accru de maladie cardiaque, ce qui confirme l'importance d'étudier ces conditions sociales. À mesure que les réseaux sociaux se rétrécissent, les personnes âgées sont plus à risque d'isolement social et de solitude.

Les auteurs précisent qu'ils me savent pas encore si le risque accru de maladie cardiovasculaire est dû à une exposition aiguë à l'isolement social et à la solitude, ou si une exposition prolongée accumulée tout au long de la vie en est le coupable.

Pour cette étude, plus de 57 000 femmes ménopausées ont répondu à des questionnaires évaluant l'isolement social de 2011 à 2012. Elles ont reçu un deuxième questionnaire évaluant la solitude et le soutien social en 2014 à 2015. Les participants ont été suivis à partir du moment où ils ont rempli le questionnaire jusqu'en 2019 ou lorsqu'ils ont reçu un diagnostic de maladie cardiovasculaire. Au total, 1 599 femmes ont souffert de maladies cardiovasculaires.

Enfin, les mesures de l'isolement social et de la solitude devraient être intégrées aux prises en charge standard, en surveillant notamment la pression artérielle, le poids et la température des patients, et il pourrait également être bénéfique de saisir les besoins sociaux qui peuvent manquer aux individus pour mieux comprendre le risque cardiovasculaire et développer des solutions.

Prévention : pas seulement en période de pandémie

D'après un article de gérontologie (étude sur le vieillissement, ses conséquences et son implication globale) publiée en 2021 dans la Revue Médicale Suisse [24], intitulé « Isolement social et solitude chez la personne âgée en temps de pandémie du Covid-19  », les auteurs expliquent que, « le caractère multifactoriel de l’ISS (Isolement social et solitude), impliquant des liens parfois bidirectionnels, limite la détermination de facteurs protecteurs à proprement parler. Ces derniers reposent principalement sur un réseau social stable, répondant aux besoins sociaux, sur la correction de facteurs de risque modifiables (par exemple, appareillage auditif, traitement de l’incontinence urinaire) et sur certaines interventions (par exemple, thérapies psychologiques ou animales).

Plusieurs conseils généraux peuvent être donnés aux personnes âgées afin qu’elles se sentent davantage connectées aux autres et plus résistantes au sentiment débutant de solitude :

  • Maintenir les connexions sociales en passant du temps avec la famille et aussi à travers les technologies disponibles.
  • Répondre aux besoins basiques et maintenir des activités saines : satisfaire les besoins de bases (nourriture, médicaments,…), structurer les journées, maintenir des activités mentales et physiques, poursuivre des activités extérieures si possible.
  • Prêter attention aux symptômes émotionnels et psychiatriques : réguler ces symptômes (trouver de bonnes sources d’information, méditation, support émotionnel pour la famille et les amis…), considérer les symptômes psychiatriques (prévenir et chercher de l’aide au besoin), être particulièrement attentifs aux patients déments et à leurs proches aidants. »

Sources

  1. 6,6 millions de français souffrent d’isolement, selon l’INSEE. 23 septembre 2019. https://www.monalisa-asso.fr/
  2. 3 % des individus isolés de leur famille et de leur entourage : un cumul de difficultés socioéconomiques et de mal-être. https://www.insee.fr/
  3. Quelles sont les conséquences de la solitude ?  https://touscontrelasolitude.be/les-consequences/
  4. Loneliness, social isolation and cardiovascular health. https://www.liebertpub.com/
  5. Isolement social des aînés : des repères pour agir. Octobre 2021. https://solidarites-sante.gouv.fr/

  6. Les dangers de l’isolement sur la santé. https://www.petitsfreres.ca/
  7. Baromètre solitude et isolement : quand on a plus de 60 ans en France en 2021, rapport petits frères des pauvres, septembre 2021.
  8. Enquête : 7 millions de Français confrontés à la solitude. 2021. https://www.fondationdefrance.org/
  9. Enquête sur l’isolement et le délitement des liens sociaux. https://www.ssvp.fr/
  10. Isolement et solitude au travail. Article de 9 pages, publié dans le trimestriel Références en santé au travail n°160. Ressources complémentaires de l'INRS. https://www.inrs.fr/

  11. Comment lutter contre la solitude du dirigeant ? https://www.malakoffhumanis.com/
  12. Les chiffres de la solitude des jeunes. https://www.fondationdefrance.org/
  13. Accès à la parentalité et isolement familial La nouvelle solitude des parents. https://www.cairn.info/
  14. Le réseau d’entraide pour les familles monoparentales. https://www.unaf.fr/
  15. Une vie sociale entravée par le handicap ou la maladie. Synthèse de l’étude réalisée par le CREDOC pour la Fondation de France. Novembre 2018. https://www.credoc.fr/
  16. Isolement social des aînés : des repères pour agir, octobre 2021. https://solidarites-sante.gouv.fr/
  17. L’isolement social des aidant.es : Retour sur la conférence du 3 juin. https://associationjetaide.org/
  18. Impact of Social Isolation Due to COVID-19 on Health in Older People: Mental and Physical Effects and Recommendations: https://link.springer.com/
  19. Mental Health of Children and Adolescents Amidst COVID-19 and Past Pandemics: A Rapid Systematic Review. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/
  20. L’exclusion numérique des personnes âgées. https://www.silvereco.fr/
  21. Social Media Use and Perceived Social Isolation Among Young Adults in the U.S. https://www.ajpmonline.org/
  22. Les seniors et les réseaux sociaux. https://www.independanceroyale.com/
  23. Golaszewski NM, LaCroix AZ, Godino JG, et al. Evaluation of Social Isolation, Loneliness, and Cardiovascular Disease Among Older Women in the US. JAMA Netw Open. 2022;5(2):e2146461. doi:10.1001/jamanetworkopen.2021.46, https://jamanetwork.com/
  24. Isolement social et solitude chez la personne âgée en temps de pandémie du Covid-19. https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/

Ressources

  • Conquering loneliness. The Grant Harvard study of adult Adult Development.

https://www.health.harvard.edu/

  • Good genes are nice, but joy is better. Harvard Study of Adult Development.

https://news.harvard.edu/gazette/

 

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