Épine calcanéenne : symptômes, prise en charge

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Fasciite plantaire et épine de Lenoir
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L’épine calcanéenne [1] est une cause fréquente de douleurs vives au talon, et le plus souvent liées à l’effort ou survenant le matin, juste après le lever. Également appelée « épine de Lenoir » ou « éperon calcanéen » (du latin « calcaneus » ou « calcaneum », os du talon), l’épine calcanéenne est une ossification pathologique et douloureuse du point d’attache du tendon à l’os du talon. Affection douloureuse du pied (talalgie [2]), cette excroissance osseuse de la tubérosité calcanéenne [3] a été étudié par les chercheurs à l'aide de diverses méthodes, notamment la radiographie, l'histologie et la chirurgie

Cependant, il existe actuellement un certain nombre de divergences dans la littérature scientifique concernant les relations anatomiques, les descriptions histologiques et les associations cliniques, comme le révèle une étude [4] publiée en 2017 dans la revue Journal of Anatomy.

« L’étiologie de l’épine calcanéenne est une question controversée et elle a été expliquée à travers un certain nombre de théories, y compris les théories dégénératives, inflammatoires, de traction, de traumatisme répétitif, de formation d'os et de compression verticale ».

Si l’épine calcanéenne est associée à une inflammation, ce qui est généralement le cas, on parle également d’aponévrosite plantaire, d’affection de l’aponévrose plantaire [5], et de « fasciite plantaire » - un terme qui s’est imposé comme synonyme d’épine calcanéenne dans la sphère du diagnostic médical.

Pouvant survenir à n'importe quel moment, les épines calcanéennes sont généralement asymptomatiques (sans présence de symptômes cliniques). Dans le cas contraire, lorsque des douleurs sous le pied sont présentes, la condition est généralement le résultat d'une inflammation du fascia plantaire, un ligament soutenant la voûte du pied.

Qu'est-ce qui provoque une épine calcanéenne ?

Constitué d'une épaisse bande fibreuse de tissu conjonctif qui s'étend du talon jusqu'à la base des orteils, le fascia plantaire soutient la voûte du pied et peut-être atteint de fasciite plantaire.

Cet état inflammatoire est causé par une rupture partielle ou une micro-déchirure (lésion musculaire d’un muscle qui dépasse sa limite d’élasticité).

La fasciite plantaire peut survenir seule ou faire partie d'une affection inflammatoire systémique, telle que la polyarthrite rhumatoïde (PR) [6], l’arthrite réactionnelle (une forme de spondylarthrite appelée aussi « syndrome de Reiter ») ou la goutte [7] (une maladie inflammatoire qui touche les articulations).

Chez certains patients, la cause semble être entièrement mécanique et les patients présentent souvent une démarche anormale avec une frappe excessive du talon. L'exercice aérobie (marcher, courir, danser, nager, etc.) à fort impact a également été impliqué dans le développement du syndrome de l'épine calcanéenne.

Quels sont les symptômes d'une épine calcanéenne ou épine de Lenoir ?

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L’épine calcanéenne ne provoque généralement aucun symptôme. Cependant, cette affection peut être associée à une douleur intermittente ou chronique, en particulier lors de la marche ou d’un jogging. En général, la cause de la douleur n'est pas le talon lui-même, mais la lésion des tissus mous qui lui est associée.

Beaucoup de patients décrivent la douleur de l’épine calcanéenne comme une sensation de couteau (ou d’épingle) collé au bas de leurs pieds lorsqu'ils se lèvent le matin.

La douleur se transformant plus tard en une douleur sourde, avec des réapparitions régulières, en particulier lorsqu’un patient se lève après une période d’immobilité prolongée. Soulignons que l'immobilité prolongée peut notamment favoriser l’ostéoporose [8] ou des troubles posturaux statiques.

Épine calcanéenne au talon : quels sont les facteurs favorisants la fasciite plantaire ?

Parmi les facteurs de risque associés à la fasciite plantaire on peut noter en particulier l’âge, car avec le vieillissement survient une diminution de la flexibilité du fascia plantaire, ainsi qu’un amincissement du coussinet adipeux protecteur du talon.

D’autres facteurs peuvent intervenir, notamment le diabète [9], la sédentarité (en position debout en particulier), le manque d’activité physique [10], ou le fait d’avoir les pieds plats (du latin « pes planus ») ou de hautes voûtes plantaires.

La fasciite plantaire, qui est l'une des causes les plus courantes de douleurs vives au talon et de douleurs sous le pied, provoque généralement une douleur lancinante. Cette affection de l’aponévrose plantaire est fréquente chez les coureurs, chez les personnes qui portent des chaussures avec un soutien insuffisant, et les personnes obèses ou en surpoids.

Bien que la fasciite plantaire puisse se développer sans une cause manifeste, certains facteurs peuvent augmenter le risque de développer cette maladie.

Les principaux facteurs favorisants la fasciite plantaire (inflammation de l’aponévrose plantaire) comprennent :

  • l’âge : la fasciite plantaire est une affection douloureuse plus fréquente chez les patients (hommes et femmes) à partir de 40 ans et plus.
  • certains types d’exercice physique : les activités qui constituent une charge de stress intense sur le talon et les tissus attachés (la course à pied, la bicyclette, la danse classique, une pratique régulière de différents sports sans préparation adéquate, etc.) peuvent contribuer à l'irruption de la fasciite plantaire.
  • la surcharge pondérale : le surpoids et l’obésité exercent un stress supplémentaire sur le fascia plantaire.
  • la mécanique de la cheville et du pied : un schéma de marche anormal, les pieds plats, ou une voûte plantaire haute peuvent affecter la répartition du poids lorsqu’un patient est en position debout, ce qui exerce une pression additionnelle sur le fascia plantaire.
  • le travail en position debout et continue : de nombreux emplois (travailleurs d’usine, enseignants, agents de sécurité et de surveillance, etc.) qui passent la plupart de leurs heures de travail en position debout ou à marcher sur des surfaces dures peuvent endommager le fascia plantaire.

Diagnostic : quel médecin ou professionnel de santé consulter ?

Dès que les symptômes apparaissent, et notamment les douleurs exquises [N.D.L.R : souffrance vive et localisée à un point précis du corps] le matin au réveil, il est indiqué de consulter rapidement son médecin traitant ou un médecin du sport (pour les sportifs)  qui vous orientera ensuite si besoin vers un médecin spécialiste ou vers un autre professionnel de santé.

Le médecin sera en mesure de pratiquer un examen médical approfondi avec recherche d'une douleur reproduite à la palpation de la face inférieure du talon. 

Le diagnostic est donc avant tout clinique et la radiographie de l'arrière-pied de profil permet de rechercher une excroissance osseuse, l'épine calcanéenne, et il permet d'exclure une lésion osseuse du calcanéum ou des signes de gravité ou de chronicité.

En cas de doute, la réalisation d'une échographie ou d'une IRM permettent permettent de confirmer le diagnostic en révélant l’inflammation de l’aponévrose et en recherchant des signes de gravités (fissurations). L'échographie visualise l’aponévrose plantaire, les tendons… et, le cas échéant, d'éliminer la piste d'autres pathologies possibles.

L'IRM analyse les différentes structures du talon et permet d'évaluer les lésions des tissus mous. 

Traitement médical 

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Il est généralement suffisant pour guérir l’aponévrosite plantaire mais il est long d'où l'importance de consulter rapidement son médecin. La douleur justifie rarement la prise d'antalgiques. La prise d'anti-inflammatoires et l'application de glace ne sont pas conseillées car elles pourraient ralentir la guérison. Des infiltrations de corticoïdes peuvent être envisagées en cas de myoaponévrosite en cas de compression nerveuse.

Auto-rééducation

Il comprend dans un premier temps des étirements du fascia plantaire et de l'auto massage de la voûte plantaire. 

Il est fortement recommandé d'arrêter momentanément les activités physiques qui provoquent cette douleur et de leur préférer le vélo ou la natation qui vont décharger le fascia. 

Puis, il faut progressivement recommander à mettre en tension le fascia au cours de séances plus courtes mais plus fréquentes. La diminution des douleurs au réveil est le meilleur indice de progression. 

Faire des exercices en griffant les orteils comme par exemple en attrapant une serviette entre les orteils et la plante du pied peut également s'avérer bénéfique.

Enfin, il est recommandé de travailler le triceps sural (appelé communément le mollet) en contraction excentrique : se placer un pied sur une marche et un autre sur la marche au-dessous (pied atteint). Monter le pied arrière en appuyant sur la jambe avant puis redescendre avec le pied atteint très lentement pour freiner la descente du pied et provoquer une contraction excentrique du muscle triceps sural. Maintenir cette position pendant 10 secondes et se redresser. L’exercice est à répéter deux fois par jour. 

Les orthèses plantaires

Un appareillage par orthèses plantaires réalisées par le podologue est très souvent prescrit.

Le port semelles orthopédiques est dans la majorité des cas bénéfique afin de corriger le problème d'appui et d’alléger la sollicitation en soutenant le tendon enflammé.

La kinésithérapie 

Selon les cas, des séances de kinésithérapie peuvent être envisagées.

Quand les lésions sont importantes et qu'il existe une déchirure de l'aponévrose, le kinésithérapeute suit un protocole de rééducation (protocole de Stanish) qui consiste en un travail excentrique du tendon et de l'aponévrose, avec des charges de plus en plus lourdes au fur et à mesure des séances. Des massages transverses profonds sont pratiqués en cas de myoaponévrosite.

 
En cas d’insuffisance de ce traitement, le kinésithérapeute propose des séances d’ondes de choc peuvent être nécessaires pour traiter l'épine calcanéenne.
 
Ces ondes de chocs provoquent des impulsions répétées de haute intensité sur les zones à traiter afin de guérir l’inflammation chronique et une détruire les calcifications. 

 

Traitements chirurgicaux 

En cas d'échec d'un traitement médical bien conduit pendant au moins 6 mois et en cas de douleurs rebelles importantes, le recours à une prise en charge chirurgicale, même si elle est rarement indiquée, peut être proposé. Les techniques varient selon la cause.

En cas de myoaponévrosite, une section partielle de l’aponévrose permet de limiter les tensions qui s’exercent sur elle.

Cette chirurgie ne doit plus être pratiquée à ciel ouvert mais par voie endoscopique au moyen d’une caméra, ce qui permet de bien visualiser l’aponévrose.  Un geste osseux sur l’épine calcanéenne (rabotage) est très rarement nécessaire. 

En cas de compression nerveuse, une décompression chirurgicale du nerf plantaire est effectuée avec section des structures musculaires et de l’aponévrose plantaire. 

Sources

  1. Epine calcanéenne. Descripteur MeSH. CISMeF. D2IM – Département d’Informatique et d’Information Médicales du CHU Hôpitaux de Rouen. http://www.chu-rouen.fr/
  2. Définition et causes des douleurs du talon. Ameli. Assurance Maladie. 2020. https://www.ameli.fr/
  3. Clinical anatomy of the calcaneal tuberosity. Annals of Anatomy - Anatomischer Anzeiger. Volume 190, Issue 3, 11 June 2008, Pages 284-291. https://www.sciencedirect.com/
  4. Kirkpatrick J, Yassaie O, Mirjalili SA. The plantar calcaneal spur: a review of anatomy, histology, etiology and key associations. Journal of Anatomy. 2017;230(6):743-751. doi:10.1111/joa.12607, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/
  5. Traitement de l'aponévrosite plantaire par infiltration de corticostéroïdes : suivi à long terme par échographie. 09/08/10. Doi : 10.1016/j.rhum.2004.03.015. Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. https://www.em-consulte.com/
  6. Polyarthrite rhumatoïde. Une maladie modèle pour la recherche sur l’inflammation chronique. INSERM. https://www.inserm.fr/
  7. Prise en charge de la goutte. Vidal Recommandations. 2020. https://www.vidal.fr/maladies/
  8. Séniors et ostéoporose : bouger pour la prévenir ! Le Guide Santé Actualités. 2020. https://www.le-guide-sante.org/actualites/geriatrie/seniors-osteoporose-prevention-exercice
  9. Diabète de type 2 : surpoids et taux de glycémie élevé. Le diabète gras n'est plus l'apanage du sujet adulte ! Le Guide Santé Actualités. 2020. https://www.le-guide-sante.org/actualites/medecine/diabete-type-2-surpoids-glycemie-eleve
  10. L'activité physique est un traitement : interview d'un médecin du sport. Le Guide Santé Actualités. 2020. https://www.le-guide-sante.org/actualites/forme-et-bien-etre/activite-physique-interview-medecin-sport
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