Hôpital et Covid-19 : un bel élan de solidarité - Épisode 3

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Infirmière stressée

Evelyne Kiakuama, infirmière orthopédique à l’APHP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris), était sur le front du Covid dans son service réaménagé pour faire face à l’afflux de malades. Si cette période a été riche en émotions et sur le plan humain, elle pointe les difficultés auxquelles l’hôpital reste confronté.

Épisode 3 - Témoignage d’une infirmière [3/5]

Vous êtes infirmière orthopédique et pourtant vous avez travaillé sept semaines dans un service Covid+…

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Notre service orthopédie a été réquisitionné par l’hôpital et réadapté pour devenir un service Covid +. Des médecins internistes nous ont formé à la prise en charge des patients infectés par le virus du Covid 19, dont l’état clinique était grave.

Ces derniers étaient pris en charge dans notre service orthopédie compte-tenu de sa proximité géographique avec les services de réanimation médicale et chirurgicale. Ce qui nécessitait une organisation pluri-disciplinaire permanente, avec des échanges avec les cadres de santé et les paramédicaux, les médecins et la direction.

Pour prendre en charge ces malades dans un état très sévère, nous avons été formés par la cadre du service des maladies infectieuses et par des médecins internistes, notamment pour s’équiper de blouses, sur-blouses, charlottes…, afin de nous protéger du virus et ne pas contaminer les autres soignants ou patients. Les médecins étaient constamment présents à nos côtés, ce qui a renforcé notre détermination et nous a rassuré en permanence.

Concrètement, comment s’est passée cette période ?

Pour assurer les soins, nous avons travaillé en permanence aide-soignante/infirmière en binôme, en visitant les malades toutes les 2 heures ou 4 heures suivant la sévérité des patients.

Nous préparions les traitements des patients. L’aide-soignante prenait les constantes (tension, température, saturation…).

Nous réalisions la toilette au lit à deux. Nos patients, très fatigués, avaient du mal à se lever. Ils respiraient difficilement, ce qui les angoissait. Nous passions donc beaucoup de temps avec eux pour les soigner et les rassurer. L’habillage était très long, c’était épuisant et contraignant physiquement.

Cette expérience a-t-elle était riche humainement ?

Nous avons vécu des moments très forts émotionnellement, tant sur le plan médical que sur le plan humain. Ce qui a donné un sens à cette discipline qui n’était pas la nôtre. J’ai eu le plaisir de travailler avec mon chef de service qui s’était converti au rôle d’aide-soignante en cette période extrêmement difficile.

Au départ, il n’était pas tout à fait à l’aise mais il s’est vite adapté ! De tels moments de partage nous ont permis de renforcer encore plus la solidarité dans notre service et les échanges avec les autres services.

Dans cette aventure, nous avons été malheureusement confrontés à une très grande douleur, à la détresse des patients, et de nombreux décès. Nous avons été bien entendus tristes que, faute de place, tout le monde n’ait pas pu être admis en réanimation. Cette aventure humaine, difficile, a encore donné plus de sens à notre travail de soignant. Recevoir une prime a été apprécié car nous n’avions rien demandé.

Qu’attendez-vous désormais ?

L’hôpital est toujours en souffrance. Des lits ont été fermés avant la pandémie et les sous-effectifs perdurent. Beaucoup ont refusé les primes car ils estiment que les problèmes de l’hôpital sont plus profonds. Il faudrait revaloriser les salaires car une infirmière ne gagne que 1500 euros en début de carrière pour terminer à seulement 2000 euros.

Nous aimons notre travail, nous le faisons bien, pas pour l’argent. Mais, nous sommes revenus à la réalité, aucun collègue des quatre coins de France ne viendra plus nous aider, les congés maternité ne seront toujours pas remplacés ni même les arrêts maladie. Nous ne voulons plus que des économies soient faites sur l’hôpital mais que tout le système de santé soit revu dans sa globalité.

Malgré cette crise sanitaire sans précédent, l’hôpital a vécu une belle aventure humaine pendant sept semaines. Pour autant, ses problèmes demeurent. La revalorisation du salaire des infirmières et la mise en place de davantage de moyens humains restent un enjeu majeur.

 

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